Fiche d'élevage : Colobopsis truncata

1) CLASSIFICATION ET SIGNIFICATION :

Famille : Formicidae
Sous-famille : Formicinae
Tribu : Camponotini
Genre : Colobopsis
Espèce : Colobopsis truncata

Taxonomiste et année de description : Spinola, en 1808 (sous le nom de Formica truncata).
Noms vernaculaires : Fourmi porte.
Synonymes et anciens noms utilisés : La combinaison obsolète Camponotus truncatus fut longtemps utilisée, avant que Colobopsis (auparavant un sous-genre de Camponotus) soit élevé au rang de genre en 2016. Le taxon Colobopsis fuscipes est également synonyme de C. truncata.

Étymologie genre : Du grec ancien χολοβός, « tronqué », et ὄψις, « forme », en référence à la tête atypique des majors et des reines du genre.
Étymologie espèce : Du latin truncata, « tronquée », là encore en référence à la forme de la tête.

2) MORPHOLOGIE ET IDENTIFICATION :

TAILLE OUVRIÈRES : 3 à 5 mm
TAILLE MAJOR : 5 à 6 mm
TAILLE GYNE : 5,5 à 7 mm
TAILLE MÂLE : 4 à 5 mm

Morphisme : Polymorphisme discontinu ; on observe deux sous-castes d’ouvrières nettement séparées, minors et majors, sans intermédiaire entre les deux.

Identification : Seule représentante de son genre en France, cette espèce est directement identifiables à sa silhouette. Seules les minors pourront parfois être confondues avec les Camponotus lateralis et Dolichoderus quadripunctatus, mais pourront entre autres en être séparées par la forme de leur propodeum. Il faut cependant noter, dans le Sud de la Péninsule ibérique et de l’Italie ainsi qu’en Afrique du Nord, la présence d’une autre Colobopsis, la récemment décrite C. imitans, qui pourra en être séparée par sa coloration (C. imitans étant mimétique de Crematogaster scutellaris, plutôt que de Dolichoderus quadripunctatus pour C. truncata).

Description et particularités physiques : Là où les minors de cette assez petite espèce ont une silhouette habituelle, les majors se distinguent par leur grande tête cylindrique et tronquée. Les reines sont très semblables aux majors, et partagent avec elles cette curieuse tête.
Leur coloration, brune avec un mesosoma rougeâtre et souvent des points blancs sur le gastre, serait mimétique de Dolichoderus quadripunctatus.

3) BIOLOGIE :

Description du biotope : C’est une espèce arboricole, elle affectionne particulièrement les chênes mais on peut la retrouver sur d’autres essences comme les arbres fruitiers, les noyers, les noisetiers, dans les oliveraies, les lierres et parfois même sur des arbustes d’ornement.
On la retrouve dans des milieux ouverts, dans des vergers, des forêts mais aussi dans des milieux plus anthropisés comme les parcs ou jusque dans les jardins.

Nidification : Cette espèce lignicole niche habituellement dans le bois vivant ou mort, sous des écorces, dans des rameaux, ou parfois même dans des galles, voire d’anciens nids d’autres hyménoptères réutilisés. Elle s’établit fréquemment dans plusieurs nids satellites.
Il faut d’ailleurs noter que l’on peut retrouver plusieurs colonies sur un seul et même arbre.

Démographie : Les nids sont peu peuplés, généralement de l’ordre de plusieurs dizaines d’ouvrières. Les colonies totales atteindraient tout au plus quelques centaines d’ouvrières.

Particularités comportementales : Cette espèce vive mais discrète fourrage dans la végétation, notamment les arbres, principalement en solitaire. au moindre danger, les ouvrières s’immobilisent totalement afin de passer inaperçues. Si par hasard elles sont découvertes, elles se montrent très vivaces et rapides pour trouver une anfractuosité dans laquelle se mettre à l’abri. Elles peuvent également se laisser tomber pour ne regagner l’arbre et la colonie qu’une fois le danger écarté.

Les majors ont la capacité de boucher l’entrée du nid avec leur tête spécialisée, de façon à empêcher toute intrusion dans le nid. En fondation, la reine peut également jouer ce rôle en attendant l’arrivée des premières majors.

Alimentation : En nature c’est une espèce opportuniste qui va se nourrir de petits arthropodes morts, de sources sucrées qu’elle dénichera directement sur l’arbre ou la végétation environnante, notamment en bénéficiant du miellat des pucerons en allant directement lécher leurs exsudats sur les feuilles. 

Essaimage : Les essaimages ont lieu de début juin à fin août. Ils sont très discrets. Ils se produisent le plus souvent en fin de journée, au crépuscule voire même la nuit. Les sexués sont fortement attirés par les lumières artificielles.

Gynie : Monogyne.

Fondation : Indépendante et semi-claustrale ; les reines sortent régulièrement de leur loge afin de fourrager à la recherche de nourriture. La fondation a très souvent lieu dans des galles de chêne.

Cycle de développement : Endogène-hétérodynamique ; sa diapause est donc déclenchée par son horloge biologique, indépendamment des conditions extérieures.

4) RÉPARTITION :

C.truncata est présente dans toutes les régions riveraines du bassin méditerranéen, notamment au sud de l’Europe et en Afrique du Nord (Algérie, Maroc, Tunisie). Concernant la France métropolitaine, cette espèce est bien présente dans le Sud y compris en Corse, et remonte assez localement jusqu’au bassin Parisien.

5) ÉLEVAGE :

Température de maintien : Entre 20°C et 28°C ; la température d’élevage est à adapter à la région où la gyne à été récoltée.

Hygrométrie : Entre 0 % et 30 % de la surface du nid pourra être humidifiée ; en effet, cette espèce peut se contenter d’un nid sec tant qu’un abreuvoir est disponible dans l’aire de chasse.

Installation : En fondation, un tube à essai simple avec réserve d’eau peut suffire. Cependant, cette espèce étant étroitement lignicole, il est sans doute préférable de placer la gyne dans un tube avec du bois ou petit morceau de liège, ce qui faciliterait grandement la fondation.
On peut parfaitement imaginer recréer un semblant de loge avec du bois ou du liège en ne laissant qu’une toute petite entrée afin que la gyne se place devant comme ce qui se passerait en nature.

Une fois que la colonie aura grandi, vous pourrez la transférer dans un nid en liège ou en bois de préférence, bien qu’elle pourrait sûrement s’accommoder d’un nid plus artificiel pourvu que les conditions adéquates y soient réunies.
Pour un nid en liège, il est préférable de choisir une plaque aussi fine que possible, de l’ordre de 2 à 3 mm, afin de faciliter l’observation, cette espèce creusant des galeries en longueur mais particulièrement fines et basses au plafond. Il sera parfois difficile de voir la galerie en entier, même avec une épaisseur aussi faible.

Veillez également à être vigilant à ce qu’il n’y ait pas de petites failles dans le nid ou dans l’aire de chasse ; en effet, cette espèce possédant une morphologie qui lui permet de se glisser dans les passages très étroits, elle s’évade très facilement. De plus, elle peut facilement passer les huiles d’anti-évasion.

Ookami

Foreuse ? : Oui, cette espèce fore assez facilement le bois trop meuble ; il faudra donc faire attention aux essences que vous utilisez, et, dans le cas des nids creusables, les placer entièrement dans des bacs ou cuves étanches.

Diapause : Il faudra effectuer une diapause de 3 à 4 mois, de novembre à mars à des températures comprises entre 4 et 10 °C (bien qu’elles puissent probablement supporter des températures plus basses) selon la provenance de votre colonie.

Fondation : Semi-claustrale ; la gyne devra être nourrie tout au long de la fondation avec des liquides sucrés et des insectes (de très petite taille comme des drosophiles fraîchement tuées, ou bien de petits morceaux de plus grandes proies). Une aire de chasse peut lui être proposée afin de faciliter le nourrissage.

Alavir

Alimentation en élevage : En élevage, on nourrit cette espèce avec du pseudo-miellat (liquide sucré) en complément d’un apport régulier en petits insectes. Il ne faudra pas lésiner sur les protéines, quand la colonie prendra de l’ampleur et le couvain avec.

Détails à ajouter : Espèce ayant une morphologie atypique, plutôt petite et calme au stade de la fondation, mais qui n’en reste pas moins intéressante à observer en élevage. Cette espèce a l’avantage de former de toutes petites colonies même une fois la colonie mature, ce qui permet aux éleveurs de pouvoir maintenir cette espèce facilement sur le long terme sans risquer de manquer de place.
Elle peut surprendre par son activité et son appétit important en comparaison de sa taille et du faible effectif des colonies matures, une fois que la colonie dépasse la centaine d’ouvrières.

Difficulté d’élevage : D’entretien facile mais difficile à la fondation. Cette espèce est connue pour être très capricieuse lors de sa fondation, qui est malheureusement souvent vouée à l’échec sans trop de raisons apparentes même si tous les paramètres sont respectés. Avec les dernières expériences et observations de chacun, ce passage de la fondation a cependant été rendu bien moins aléatoire qu’auparavant. Une fois cette étape franchie, les chances de réussite à faire prospérer cette espèce sont bien plus élevées.

Sources et Crédits :

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Publications myrmécologiques : 

Sites Internet :

Nos éleveurs : Ookami, Triturus, Damien, Alavir, Myrmicants.

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