Classifier nos fiches d’élevage en se basant sur le système à 6 continents (Antarctique excluse) n’est pas une mince affaire. En effet, les continents, tels que nous les connaissons, sont souvent séparés selon des critères culturels et géographiques, et non biologiques ou climatologiques. Nous avons donc utilisé différents outils pour séparer le plus logiquement possible nos fiches, de sorte à ce que les éleveurs francophones puissent s’y retrouver facilement.

Séparation des Amériques :
Tout d’abord, nous nous sommes basés sur la classification des écozones au sens de Miklos Udvardy afin de séparer l’Amérique du Sud (Néotropique) et l’Amérique du Nord (Néarctique). Cependant, cette classification ne permettait pas de délimiter parfaitement les aires de répartition d’un grand nombre de fourmis néotropicales, comme Neoponera villosa ou Pseudomyrmex gracilis. Nous avons donc inclus les climats BSh (steppes chaudes) et Cwa/Cfa (subtropicaux humides), issus de la classification de Köppen, jusqu’au 32e parallèle. Le rattachement de diverses îles aux continents s’est fait en comparant les espèces présentes naturellement sur ces dernières, selon Antmaps.org et GBIF.org.

Délimitation du point triple entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie : 
Historiquement, les éleveurs de fourmis ont souvent placé la limite sud (en dessous du 40e parallèle) entre l’Europe et l’Asie au niveau du Bosphore et des Dardanelles. Cependant, cette discontinuité ne semble pas pertinente en myrmécologie : sur environ 350 espèces décrites dans la région, plus de 230 sont communes aux deux rives du Bosphore.
De la même manière, la faune de la péninsule Arabique a souvent été rattachée à l’Asie. Toutefois, en l’absence de section spécifique pour cette région, une simple comparaison des diversités spécifiques montre que la faune arabique présente davantage d’affinités avec celle de l’Afrique du Nord. Par conséquent, le point triple du Moyen-Orient a été défini en suivant le relief naturel : la chaîne de montagnes du Zagros, les plateaux arméniens et les monts Taurus.

Délimitation de l’Europe et de l’Afrique :
La séparation nord entre l’Europe et l’Asie, à partir du 47e parallèle, pose de nombreuses difficultés. En effet, cette frontière ne repose pas sur des critères purement scientifiques : bon nombre d’espèces présentes en Europe de l’Ouest peuvent également être observées jusqu’à l’île de Sakhaline. Il aurait cependant été déroutant pour nos lecteurs de retrouver des espèces familières classées dans la section « Asie ».
C’est pourquoi nous avons retenu la délimitation proposée par Philippe-Johan von Strahlenberg, plaçant la frontière à l’Oural. Nous sommes pleinement conscients que ce choix reste européocentré, mais il nous a semblé le plus pertinent pour garantir une classification claire et accessible aux éleveurs francophones.

Pour les mêmes raisons, nous avons placé la séparation entre l’Afrique et l’Europe au niveau du détroit de Gibraltar, bien que certaines espèces du climat Csa (tempéré méditerranéen) puisse être communes aux deux rives de la Méditerranée. 
Le rattachement de diverses îles aux continents s’est fait en comparant les espèces présentes naturellement sur ces dernières, selon 
Antmaps.org et GBIF.org.

Délimitation de l’Asie et l’Océanie :
La frontière biogéographique entre ces deux continents reste un sujet de débat animé au sein des communautés scientifiques. Plusieurs modèles, tels que la ligne de Wallace, la ligne de Weber ou encore la ligne de Lydekker, ont été proposés pour délimiter les anciens continents de la Sunda et du Sahul.
Historiquement, la ligne de Wallace (qui traverse l’archipel des Petites Îles de la Sonde entre Bali et Lombok) a été privilégiée pour la répartition des vertébrés. Cependant, les outils actuellement disponibles en myrmécologie ne permettent pas d’établir des frontières aussi précises. Nous avons donc arbitrairement choisi de privilégier la ligne de Lydekker, certes moins exacte, mais également moins sujette à controverse.

Sources :

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