Fiche d'élevage : Aphaenogaster subterranea

1) CLASSIFICATION ET SIGNIFICATION :

Famille : Formicidae
Sous-famille : Myrmicinae
Tribu : Stenammini
Genre : Aphaenogaster
Espèce : Aphaenogaster subterranea

Taxonomiste et année de description : Latreille, 1798 (sous le nom de Formica subterranea).

Noms vernaculaires : Aucun.
Synonymes et anciens noms utilisés : Aucun nom vernaculaire n’est encore couramment utilisé. Dans la description originale, Latreille la qualifie cependant de « fourmi souterraine ».

Étymologie genre : Du grec ancien, préfixe a- privatif + φαινός (phainos), « brillant » + γαστήρ (gastếr), « ventre », soit « gastre mat ».
Étymologie espèce : Du latin subterraneus, « souterrain ».

2) MORPHOLOGIE ET IDENTIFICATION :

TAILLE OUVRIÈRES : 3,4 à 7 mm
TAILLE GYNE : 7 à 8 mm
TAILLE MÂLE : 3,5 à 4 mm

Morphisme : Monomorphe ; la taille des ouvrières d’une même colonie reste assez constante.

Identification : Parmi les autres Aphaenogaster françaises, la confusion est notamment possible avec trois espèces :
 – Aphaenogaster ichnusa, une espèce méditerranéenne dont les épines propodéales sont bien plus courtes que chez A. subterranea ;
 – Aphaenogaster dulcineae, une espèce méditerranéenne dont le tégument est globalement plus lisse que chez A. subterranea ;
 – Aphaenogaster gibbosa, de coloration généralement plus sombre et dont le funicule est plus allongé. 

Ailleurs en Europe, il existe cependant d’autres espèces très proches, et de futurs remaniements taxonomiques de ce groupe d’espèces pourraient en révéler une plus grande diversité.

Description et particularités physiques : Aphaenogaster subterranea est une fourmi de taille moyenne, assez svelte, portant un long pétiole typique des Stenammini. Sa coloration est assez variable, allant du jaunâtre au brun en passant par le rougeâtre. Ces variations de teinte seraient avant tout d’origine extérieure : plus le couvain se développe à température élevée, plus les ouvrières en résultant auront tendance à être claires. Les gynes sont robustes, plus sombres que les ouvrières, et portent un gros gastre pouvant se distendre en faibles physogastries jaunes en cas d’activité ovarienne importante. Les mâles ont un mesosoma haut et imposant, contrastant singulièrement avec leur long pétiole.

3) BIOLOGIE :

Description du biotope : Aphaenogaster subterranea se rencontre le plus souvent dans des milieux ombragés, notamment en sous-bois, pourvu qu’elle y trouve à la fois l’humidité et la chaleur lui permettant de prospérer. Il s’agit essentiellement d’une espèce de plaine, que l’on rencontre peu en altitude.

Parc MontJuzet, Clermont-Ferrand, One ants

Nidification : Principalement terricole et normalement monodome, Aphaenogaster subterranea creuse des nids moyennement profonds, souvent partiellement établis sous des pierres. Les entrées du nid sont peu visibles.

Démographie : Les colonies sont modérément populeuses, et comptent jusqu’à quelques milliers d’ouvrières à maturité.

Particularités comportementales : Aphaenogaster subterranea est une fourmi assez discrète, fourrageant au sol et dans la litière forestière à la recherche de nourriture, le plus souvent en solitaire bien que de petits recrutements puissent être observés. Les colonies peuvent être nombreuses lorsque le biotope s’y prête.

Alimentation : Les sources de nourriture de ces fourmis très opportunistes sont variées, et on peut ainsi les voir consommer élaïosomes de graines, fruits et autres débris végétaux en tout genre ; bien que peu chasseuses, elles récupèrent également divers insectes au sol.
Elles n’élèvent pas de pucerons en surface, mais pourraient cependant exploiter le miellat d’Homoptères souterrains parfois observés dans leurs nids.
À la façon d’autres Aphaenogaster, leur jabot social est trop peu développé pour permettre les trophallaxies ; elles doivent donc ramener toute source de nourriture au nid, y compris les aliments liquides qu’elles transportent en en imbibant des débris quelconques. Les larves sont placées par les ouvrières sur les sources de nourriture, qui sont directement consommées.

Essaimage : Les essaimages, se déroulant principalement le soir et la nuit, ont généralement lieu en juillet et en août bien qu’ils puissent se poursuivre jusqu’en septembre.

Gynie : Généralement monogyne ; les colonies ne comportent la plupart du temps qu’une seule reine fécondée. Plus rarement, certains nids sont susceptibles de receler plusieurs gynes désailées, sans qu’il ne soit connu s’il s’agit d’une véritable polygynie fonctionnelle.

Fondation : Indépendante et claustrale. Après l’essaimage, la gyne s’aménage une loge en pleine terre ou sous une pierre, où elle élève avec ses réserves une première génération d’ouvrières.

Cycle de développement : Endogène-hétérodynamique ; l’entrée en diapause serait principalement induite par l’horloge interne de la colonie, indépendamment des conditions extérieures.

4) RÉPARTITION :

Aphaenogaster subterranea est largement répartie en Europe, et déborde sur l’Afrique du Nord et l’Ouest de l’Asie. Elle est présente presque partout en France métropolitaine, bien qu’elle tende à être remplacée par Aphaenogaster ichnusa sur le pourtour méditerranéen ainsi qu’en Corse.

5) ÉLEVAGE :

Température de maintien : 21 à 27 °C.

Hygrométrie : Entre 40 et 70 % de la surface du nid humidifiée.

Installation : Les colonies de cette espèce peu regardante sauront se contenter de tout type d’installation classique. Veillez cependant à leur laisser du substrat à disposition, afin qu’elles puissent ramener la nourriture liquide au nid.

Foreuse ? : Non.

Diapause : Comme pour la plupart des espèces françaises, la diapause est obligatoire. Elle doit durer entre 3 et 4 mois (généralement de novembre à mars), à une température comprise entre 1 et 10 degrés. Pour cette espèce à large répartition, n’hésitez pas à adapter durée et température de diapause à la provenance de la colonie.

Fondation : Indépendante et claustrale. La gyne seule sera classiquement placée en tube, et il ne sera plus nécessaire de la nourrir avant l’arrivée des premières ouvrières. Celles-ci pourront émerger à partir d’un mois et demi à deux mois après la récolte de la gyne, la ponte intervenant généralement dans les jours suivant l’essaimage.

Alimentation en élevage : Particulièrement opportunistes, les Aphaenogaster subterranea se contentent de tout. Comme elles n’effectuent pas de trophallaxie, il est nécessaire de leur fournir un substrat granuleux (du sable, de la perlite ou de la vermiculite peuvent ainsi parfaitement faire l’affaire) pour leur permettre de ramener les liquides sucrés au nid. Elles apprécient également les sources solides de nourriture sucrée, comme les fruits ou encore la beetle jelly, qu’elles découpent sur place afin d’en ramener les morceaux au nid.
Il est en outre nécessaire de leur fournir de la nourriture protéinée, principalement via des arthropodes fraîchement tués, que les larves grignoteront ensuite jusqu’à la cuticule.

Détails à ajouter : Malgré son abondance in natura, cette espèce passe souvent inaperçue aux yeux des éleveurs. Il s’agit pourtant d’une espèce combinant facilité d’élevage et comportements singuliers, qui saura séduire myrmécophiles débutants comme chevronnés.
A cause de leur tendance à ramener toute nourriture au nid, il faudra cependant porter une attention toute particulière à l’hygiène de l’installation afin d’éviter moisissures et invasions d’acariens.

Difficulté d’élevage : Très facile. Ces fourmis robustes sont assez tolérantes vis-à-vis des erreurs du débutant, et prospèrent sans peine pour peu qu’on leur donne les conditions d’élevage adéquates.

Sources et Crédits :

Publications myrmécologiques :

Sites Internet :

  • Antcat.org
  • Antwiki.org
  • Antmaps.org
  • Antweb.org
  • AntArea.fr
  • Inaturalist.org
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