Fiche d'élevage : Camponotus cruentatus

aurearamon
Photographie couverture de la page Europe, recadrée pour une meilleure intégration.

1) CLASSIFICATION ET SIGNIFICATION :

Famille : Formicidae
Sous-famille : Formicinae
Tribu : Camponotini
Genre : Camponotus
Sous-genre : Myrmosericus
Espèce : Camponotus cruentatus

Taxonomiste et année de description : Décrite par Pierre-André Latreille en 1802 (sous le nom de Formica cruentata).

Noms vernaculaires : Fourmi ensanglantée,  Camponote ensanglantée, blood-spotted sugar ant en anglais.
Synonymes et anciens noms utilisés : Formica opaca (Nylander, 1856), Formica gigas (Lixiviation, 1825)

Étymologie genre :  : Du grec ancien χαμπή (kampé), « courbé », et νῶτον (nôton), « dos », en référence au mesosoma souvent arqué des Camponotus.
Étymologie espèce : Du latin cruentatus, « ensanglanté ».

2) MORPHOLOGIE ET IDENTIFICATION :

TAILLE OUVRIÈRES : 6 à 14 mm

 victorjavmarugan (Présence d’un acarien sur le mesosoma).

TAILLE GYNE : 14 à 16 mm
TAILLE MÂLE : 7 à 8 mm

Morphisme :  Cette espèce est fortement polymorphe, avec des individus parfois deux fois plus gros que d’autres au sein d’une même colonie. On observe ainsi de frêles minors et d’imposantes majors.

Identification : Cette espèce pourra aisément être distinguée des autres Camponotus européennes par la combinaison entre sa grande taille, sa coloration et son aspect mat.

Description et particularités physiques :  Camponotus cruentatus est une très grande espèce européenne de couleur noir mat, à l’exception de l’avant du gastre, qui est rougeâtre. Une pubescence blanche, épaisse mais éparse, est répartie sur tout son corps. Elle possède trois sous-castes d’ouvrières (minor, média et major), bien que tous les intermédiaires de taille entre les plus petites minors et les plus grandes majors puissent être observés. Les majors sont très imposantes, mesurant presque la taille de la gyne et possédant de très puissantes mandibules. C’est une Camponotus plutôt élancée en comparaison des autres grandes espèces françaises (du sous-genre Camponotus, et de silhouette plus trapue). Les ouvrières arborent une physogastrie développée en signe de bonne santé. 

3) BIOLOGIE :

Description du biotope :  Camponotus cruentatus se rencontre aisément en garrigue et zones bien exposées du bassin méditerranéen au sol calcaire. L’espèce se retrouve souvent dans les jardins, parc et terrasses en milieu urbain.
Surtout présente du niveau de la mer jusqu’à 500 mètres d’altitude en France, elle est cependant présente en montagne au Sud de la Péninsule Ibérique et en Afrique du Nord.

 Nidification : Les nids, très vastes, sont directement creusés dans le sol, et sont parfois partiellement établis sous les pierres. Les colonies sont monodomes.

Démographie : Plusieurs milliers d’individus. En l’absence de décompte exact, il est assez difficile d’estimer la démographie maximale des colonies de C. cruentatus.

Particularités comportementales : L’exploration se fait principalement au sol et sur la végétation basse, quelques fois sur les arbres susceptibles d’abriter des hémiptères. L’activité a essentiellement lieu aux heures les plus chaudes de la journée (mais cesse cependant lorsque la température du sol dépasse 40 °C), mais, comme pour beaucoup d’espèces du genre, elle peut aussi être nocturne. Les éclaireuses sont capables de recruter directement de petits groupes d’ouvrières (jusqu’à 13) jusqu’aux sources de nourriture, mais aussi de déposer des pistes phéromonales. Elles pratiquent également le portage sociale (une ouvrière en porte une autre).

Les fourrageuses peuvent s’éloigner à plus de 20 mètres de leur nid, et, là où la densité de nids de l’espèce est haute, elles entrent régulièrement sur le territoire des autres colonies. De fait, lorsque des sources de nourriture abondante sont découvertes par une éclaireuse, les premières ouvrières à être recrutées seront généralement des majors, qui défendront le site des ouvrières venues d’autres nids.

Alimentation : Cette espèce se nourrit principalement de miellat de pucerons, d’excréments de vertébrés (notamment de petits mammifères et d’oiseaux), et dans une moindre mesure de cadavres d’arthropodes.

Photo de Chamallow_sauvage montrant des ouvrières se nourrissant sur une fiente d’oiseau.

 

Essaimage : Les essaimages ont lieu de fin juin à la mi-août. Ils ont souvent lieu en milieu de soirée ou en pleine nuit durant les nuits chaudes et humides.

Gynie : Cette espèce paraît monogyne. Plusieurs reines ont cependant été observées dans certains nids in natura, sans qu’il ne soit connu s’il s’agit ou non d’une polygynie fonctionnelle.

Fondation : Indépendante et claustrale ; la gyne ne sort pas de sa loge et nourrit ses larves avec ses réserves jusqu’à l’arrivée des premières ouvrières.

Cycle de développement : Endogène-hétérodynamique ; la diapause est déclenchée par l’horloge biologique de l’animal indépendamment des conditions extérieures.

4) RÉPARTITION :

Camponotus cruentatus s’observe sur les côtes Ouest de la méditerranée, du Nord-Ouest de l’Italie jusqu’à la Tunisie en passant par toute la Péninsule ibérique. Elle semble absente aux Baléares, en Sicile, en Corse et en Sardaigne, mais serait présente à Madère.

En 1925, une sous-espèce, C. cruentatus asper, fut décrite de Melbourne, en Australie ; il pourrait cependant s’agir d’une erreur d’étiquetage ou d’une introduction accidentelle.

5) ÉLEVAGE :

Température de maintien : 23 à 30 °C ; cette espèce est thermophile.

Hygrométrie : Entre 25 % et 50 % de la surface du nid pourra être humidifiée ; cette espèce tolère un gradient d’humidité faible. Les nymphes nues, qui ne seront pas viables chez cette espèce, seront le signe d’une humidité excessive. 

Installation : La fondation pourra avoir lieu en tube à essai ; les tubes classiques de 16 mm de diamètre feront l’affaire le temps de la fondation, mais ceux de 18 ou 20 mm de diamètre seront plus convenables une fois que les ouvrières commenceront à s’accumuler. Par la suite, la colonie pourra être passée dans n’importe quel nid classique résistant à leurs mandibules (béton cellulaire blindé, pierre reconstituée, etc.), tant que ses dimensions prennent en compte la grande taille de l’espèce. Le terrarium sera également une option, mais pourra très vite se révéler encombrant compte tenu de la grande taille que peuvent atteindre les colonies.

Foreuse ? : Oui ; bien qu’elles ne le fassent habituellement guère, en cas de manque de place, elles seront capables de creuser les matériaux friables tels que le béton cellulaire non blindé.

Diapause : La diapause est obligatoire, et pourra avoir lieu durant environ 3 à 4 mois (globalement de novembre à mars) à 6 à 10 °C. Durant la pré-diapause, les larves cesseront leur développement et prendront une teinte jaunâtre, signe qu’elles seront prêtes pour la mise au froid.

Fondation : Claustrale ; la gyne sera placée en tube à essai, puis il ne sera pas nécessaire de la nourrir jusqu’à l’émergence des premières ouvrières. La fondation est longue et devra se faire dans le plus grand des calmes (à l’abri de la lumière et des vibrations).

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Alimentation en élevage : En élevage on nourrit cette espèce avec du pseudo-miellat (en variant régulièrement les recettes), des petits morceaux de fruit bio et des insectes ou bouts de viandes crues. Elles sont omnivores et opportunistes. Cette espèce a acquis la réputation d’être parfois difficile à nourrir car elle peut se lasser très vite. Veillez à varier régulièrement vos recettes en utilisant du miel, du sucre roux, de la fleur de coco, ou même du sirop d’agave pour les empêcher de se lasser de certains ingrédients.

A noter que, compte tenu du régime alimentaire largement coprophage de cette espèce in natura, il pourra être nécessaire de lui fournir un complément d’azote, par exemple par le biais d’une solution d’urée fortement diluée dans de l’eau. Cela reste cependant largement à expérimenter.

Détails à ajouter : Une espèce particulièrement grande, vive et plutôt agressive qui n’as rien à envier à d’autres de ses cousines exotiques, elle représente un bon challenge à garder sur le long terme pour bon nombre d’éleveurs.

Difficulté d’élevage : Difficile. Cette espèce requiert deux qualités importantes : la rigueur et la patience. En élevage, beaucoup de colonies peinent à croître correctement au fil des années, ce qui pourrait indiquer que certains paramètres de maintien ne sont pas encore complètement compris.

Sources et Crédits :

Publications myrmécologiques :

 

Carte : GBIF Occurrence Download https://doi.org/10.15468/dl.4685dx Accessed from R via rgbif (https://github.com/ropensci/rgbif) on 2025-06-13
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