1) CLASSIFICATION ET SIGNIFICATION :
Famille : Formicidae
Sous-famille : Formicinae
Tribu : Camponotini
Genre : Camponotus
Sous-genre : Myrmopiromis
Espèce : Camponotus fulvopilosus
Taxonomiste et année de description : Espèce décrite en mars 1778 par l’homme politique suédois Charles De Geer. Il s’agit de la dernière espèce décrite par le suédois, puisque ce dernier est mort quelques jours après la description de l’espèce.
Noms vernaculaires : En anglais “desert sugar ants” ou “fourmi à sucre du désert”, plus rarement “Balbyter Sugar Ants”.
Synonymes et anciens noms utilisés : Formica rufiventris et Formica pilosa sont deux synonymes de l’espèce.
Étymologie genre : Du grec ancien χαμπή (kampé), « courbé », et νῶτον (nôton), « dos », en référence au mesosoma souvent arqué des Camponotus.
Étymologie espèce : Du latin fulvus, « brun-roux, fauve », et pilosus, « poilu ».
2) MORPHOLOGIE ET IDENTIFICATION :
TAILLE OUVRIÈRES : 10 à 16 mm


TAILLE GYNE : 16,5 à 19 mm

TAILLE MÂLE : 10 à 11,5 mm
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Morphisme : Polymorphisme continu ; on observe tous les intermédiaires de taille entre les minors frêles et les majors à grosse tête. Au sein d’une même colonie, les différences de taille entre ouvrières peuvent dépasser le simple au double.
Identification : Cette espèce emblématique se distingue aisément de toutes les autres Camponotus de sa région par la pilosité épaisse et jaune qui recouvre son gastre. On notera cependant que les jeunes ouvrières dont le tégument n’est pas encore coloré peuvent ressembler aux trois autres espèces de Camponotus poilues (Myrmopiromis du groupe 1) des zones arides d’Afrique australe : Camponotus detritus, Camponotus brevisetosus ou Camponotus storeatus. Pour identifier l’espèce convenablement, référez-vous à cette clé d’identification.
Description et particularités physiques : Camponotus fulvopilosus est une grande espèce de Camponotus. Elle est très poilue au niveau du gastre. La partie antérieure (tête, thorax, pétiole et pattes) de son corps est noir mat. L’espèce possède de relativement grands yeux par rapport aux autres Camponotus, il est possible de supposer que ces derniers lui conféreraient une meilleure acuité visuelle que ses cousines. Les majors sont très imposantes, les plus grosses mesurant presque la taille de la gyne et possédant de très puissantes mandibules, pouvant aisément couper la peau. Il existe plusieurs populations de Camponotus fulvopilosus et, en fonction de la provenance des gynes, le motif noir sur le gastre peut varier.
3) BIOLOGIE :
Description du biotope : Camponotus fulvopilosus est une espèce semi-désertique, elle vit dans les zones rocailleuses très sèches. On la retrouve majoritairement en lisière de désert, en savane et dans les zones arides dégagées, bien exposées et où la végétation est basse. On l’observe de 0 à 2 000 mètres d’altitude.
Bien que les différentes espèces du groupe fulvopilosus partagent les mêmes capacités d’adaptation aux températures extrêmes, elles n’occupent pas la même niche écologique ; ainsi, C. fulvopilosus vit dans des zones beaucoup plus végétalisées que les trois autres. Ces différentes espèces ne se rencontrent donc que très peu.

Imogene Huxham ; Karoo (Afrique du Sud)
Nidification : Les nids sont terricoles, et sont souvent partiellement établis sous des pierres ou à la base de plantes. Ils atteignent 40 centimètres de large et 30 centimètres de profondeur. A noter que d’autres Myrmopiromis telles que C. detritus sont polydomes, et il n’est de fait pas impossible que ce soit également le cas chez C. fulvopilosus, bien que ce ne soit pas spécifiquement documenté chez elle.

Démographie : La démographie maximale in natura est inconnue, mais est au moins de l’ordre de plusieurs milliers d’ouvrières.
Particularités comportementales : Comme beaucoup de Camponotus, elles sont capables de se défendre en déposant des gouttes d’acide formique sur leur proie ou agresseur, ou même en projetant ce même acide à plus de 15 centimètres de distance.
Camponotus fulvopilosus emploie plusieurs stratégies de navigation pour se déplacer efficacement près de son nid, lors de son fourragement en milieu hostile. Elle utilise des repères visuels et combine une forme de mémoire spatiale et une “boussole interne” pour se repérer. Camponotus fulvopilosus est diurne, l’activité commence tôt le matin, atteint un pic vers 14:30-15:00, puis diminue progressivement jusqu’à disparaître vers 19:00. Les ouvrières fourragent généralement seules. Chez cette Camponotus, les physogastries sont souvent moindres que chez d’autres espèces du genre.
Les majors sont très agressives, et participent à la défense du nid. Lors de leur déplacement, les ouvrières relèvent leur gastre à la manière de certaines Cataglyphis.
Alimentation : Dans la nature, cette espèce se nourrit principalement d’insectes mort et de nectar de fleurs. Il est possible que cette espèce vivant en milieu aride soit opportuniste et soit donc occasionnellement charognarde et coprophage comme sa cousine Camponotus detritus.
Essaimage : Il semblerait que l’espèce essaime le matin. Des sexués ont été observés dans les nids d’octobre à mars, avec quelques observations d’ essaimages en janvier.
Gynie : Inconnue. La plupart des Camponotus sont monogynes, même si certaines peuvent être oligogynes ou polygynes. Chez l’espèce voisine C. detritus, plusieurs reines désailées ont parfois été retrouvées dans un même nid, bien qu’il soit inconnu s’il s’agit d’une polygynie fonctionnelle ou non.
Fondation : Indépendante et claustrale ; la gyne ne sort pas de sa loge et nourrit ses larves avec ses réserves jusqu’à l’arrivée des premières ouvrières. La fondation peut se dérouler en haplométrose.


4) RÉPARTITION :
Camponotus fulvopilosus se retrouve dans la partie Sud du continent Africain, principalement en Afrique du Sud, au Botswana, au Zimbabwe et en Namibie. Son aire de répartition théorique s’étend jusqu’au Rwanda mais, dans les faits, les observations au-delà des savanes sèches du Sud de l’Angola semblent sporadiques, mal sourcées et extrêmement localisées.
Son aire de répartition pourrait encore s’agrandir avec les prochaines études scientifiques sur l’espèce, sa présence est soupçonnée au Swaziland et au Mozambique. On notera cependant que Camponotus fulvopilosus est beaucoup plus présente à l’Ouest du continent africain, elle ne s’observe que très localement à l’Est.
5) ÉLEVAGE :
Température de maintien : Il est très difficile de vous conseiller des températures pour Camponotus fulvopilosus, dû aux fortes amplitudes thermiques des biotopes de cette espèce et de sa répartition très large. Nous vous conseillons donc de vous adapter aux températures de l’origine géographique de votre gyne. Les températures données par la suite sont basées sur une étude mesurant les températures des sols namibiens et des retours des éleveurs maintenant depuis plusieurs années des colonies originaires de Namibie. Toutes les températures suivantes sont donc a titre indicatif.
Vous pouvez installer un point chaud à 30-35 °C sur 30–40 % de la surface du nid (sous un tapis ou une lampe chauffante) et maintenir le reste à 22–28 °C, avec une baisse nocturne modérée aux alentours de 20–22 °C. En saison estivale australe (novembre–mars), visez 32–37 °C en point chaud et 20–25 °C la nuit, puis, en hiver (juin–août), réduisez le point chaud à 28–32 °C et les nuits à 18–21 °C, sans descendre durablement sous 18 °C. Un thermostat programmable est fortement recommandé pour recréer ces variations diurnes et saisonnières ; observez la répartition de la colonie dans le nid pour ajuster le gradient (un couvain trop regroupé ou des ouvrières léthargiques indiquent un réglage à revoir). Enfin, par précaution, ne maintenez pas la chaleur en continu au-dessus de 35 °C pour ne pas compromettre la longévité de la reine.
Hygrométrie : Un nid sec est recommandé. Il ne faudra pas humidifier le nid, sous peine d’avoir des nymphes nues. La présence d’un abreuvoir dans l’aire de chasse sera obligatoire.
Alimentation en élevage : L’alimentation se composera de liquides sucrés et d’insectes. L’humidité étant très basse dans le nid, veillez à constamment laisser un abreuvoir accessible.
Installation : En élevage, on privilégiera une aire de chasse avec plusieurs tubes secs et humides de 18 mm ou 20 mm pour la fondation. La majorité des éleveurs proposeront ensuite un nid en béton cellulaire, même si la plupart des nids fonctionneront ; faites cependant attendtion à la déformation des matériaux causée par les fortes chaleurs exercées, et veillez à ce que les nids soient blindés. Le maintien en terrarium sera possible, mais il faudra choisir un substrat adapté, qui aura de la tenue même assez sec. N’oubliez pas non plus que les colonies peuvent prendre énormément de place, et qu’il faudra un grand terrarium en conséquence.

Foreuse ? : Cette espèce est foreuse et pourra aisément percer le plâtre.
Diapause : Veillez à vous baser sur l’origine géographique de votre gyne, l’espèce ayant une large répartition (voir la partie « température de maintien »).
Fondation : Il faudra placer la gyne dans un tube à essai préparé pour la fondation. Il faudra la maintenir dans le plus grand calme à l’abri de la lumière et des vibrations. Dès l’arrivée des ouvrières, placez une aire de chasse et nourrissez régulièrement avec des liquides sucrés. Nous vous conseillons de laisser le choix à la gyne de fonder dans un tube avec ou sans réserve d’eau, et il semblerait qu’ajouter quelques grammes de sable dans le tube soit bénéfique pour la fondation.
Détails à ajouter : Belle, grande et coûteuse, ses couleurs stellaires pourront peut-être vous faire oublier son prix, jusqu’à ce que la facture d’électricité vous ramène sur terre.
Difficulté d’élevage : Difficile. Elle nécessitera une lourde logistique pour un suivi assidu de la température et du développement explosif.
Notes importantes :
En raison de sa forte valeur pécuniaire auprès des éleveurs, Camponotus fulvopilosus est parfois victime de pillage et d’exportation illégale. Veillez à ne pas acheter de grandes colonies pour éviter de cautionner le pillage in natura. De la même manière, des princesses désailées manuellement puis boostées ont parfois été observées sur le marché : évitez donc les gynes seules.
Sources et Crédits :
Publications myrmécologiques :
- Arnold, G. 1924. A monograph of the Formicidae of South Africa. Part VI. Camponotinae. Annals of the South African Museum 14:675-766. (https://www.biodiversitylibrary.org/page/39035692#page/804/mode/1up)
- Bosch, Jason & Marais, Eugene & Maggs-Kölling, Gillian & Ramond, Jean-Baptiste & Lebre, Pedro & Eckardt, Frank & Cowan, Donald. (2022). Water inputs across the Namib Desert: implications for dryland edaphic microbiology. Frontiers of Biogeography. 14. 10.21425/F5FBG55302. (https://escholarship.org/uc/item/2h66r4wr)
- Dalla Torre, K. W. 1893. Catalogus Hymenopterorum hucusque descriptorum systematicus et synonymicus. Vol. 7. Formicidae (Heterogyna). Leipzig: W. Engelmann, 289 pp. (https://www.antcat.org/references/124002)
- Robertson, H. G.; Zachariades, C. (1997) ; Revision of the Camponotus fulvopilosus (De Geer) species-group (Hymenoptera: Formicidae) :
https://www.antwiki.org/wiki/images/f/f3/RobertsonZachariades1997.pdf - A Yilmaz, Y Gagnon, MJ Byrne, JJ Foster (2022) ; The balbyter ant Camponotus fulvopilosus combines several navigational strategies to support homing when foraging in the close vicinity of its nest. https://www.frontiersin.org/journals/integrative-neuroscience/articles/10.3389/fnint.2022.914246/full
- AC Marsh (1986) ; Ant species richness along a climatic gradient in the Namib Desert
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0140196318312096 - Lindsey P. A., ; J. D. Skinner. (2001) ; Ant composition and activity patterns as determined by pitfall trapping and other methods in three habitats in the semi-arid Karoo https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S014019630090764X?via%3Dihub
Sites Internet :
- Antcat.org
- Antwiki.org
- Antmaps.org
- Antweb.org
- Inaturalist.org
- Wiktionnaire (https://fr.wiktionary.org/wiki/Wiktionnaire:Page_d%E2%80%99accueil)