1) CLASSIFICATION ET SIGNIFICATION :
Famille : Formicidae
Sous-famille : Formicinae
Tribu : Camponotini
Genre : Camponotus
Sous-genre : Camponotus
Espèce : Camponotus vagus
Taxonomiste et année de description : Giovanni Antonio Scopoli en 1763.
Noms vernaculaires : « Fourmi charpentière ».
Synonymes et anciens noms utilisés : Plusieurs taxons sont synonymes de C. vagus, mais aucun n’est encore couramment utilisé.
Étymologie genre : Du grec ancien χαμπή (kampé), « courbé », et νῶτον (nôton), « dos », en référence au mesosoma souvent arqué des Camponotus.
Étymologie espèce : Du latin vagus, « errant, vagabond ».
2) MORPHOLOGIE ET IDENTIFICATION :
TAILLE OUVRIÈRES : 6 à 13 mm


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TAILLE GYNE : 14 à 16 mm

TAILLE MÂLE : 9 à 11 mm

Morphisme : Polymorphisme continu ; on observe tous les intermédiaires de taille entre les minors et les majors. Ces dernières peuvent être plus de deux fois plus grandes que les premières.
Identification : Elle pourrait être confondue avec d’autres espèces de Camponotus noires telles que C. aethiops, mais s’en distingue aisément par une plus grande taille et une pilosité plus importante. En Espagne, elle pourrait également être confondue avec Camponotus micans, qui pourra cependant en être séparée par la présence d’une carène sur le clypeus (absente chez C. vagus).
Description et particularités physiques : Camponotus vagus est une grande espèce de couleur noire mate (exceptionnellement avec des nuances rougeâtres), caractérisée par une pilosité blanchâtre à jaunâtre très abondante, notamment sur le gastre. Le contraste est important entre les minors frêles et les majors à grosse tête.
3) BIOLOGIE :
Description du biotope : Elles apprécient les biotopes boisés, les forêts de feuillus et de conifères, les bosquets isolés et même parfois les vieux arbres des jardins. Elles sont présentes près des littoraux et jusqu’à plus de 1000 m d’altitude. On la retrouve également en plaine et dans les prairies. L’espèce s’observe occasionnellement en zone urbaine, dans les parcs et espaces verts.

Nidification : Les nids sont principalement lignicoles, et seront ainsi logés dans les souches, dans les cavités des vieux arbres vivants ou dans les troncs morts. Elles apprécient particulièrement les feuillus comme les chênes, mais pourront aussi être retrouvées dans des conifères. Elles sont également susceptibles de nidifier dans de vieilles cabanes en bois, des piquets de clôture, etc.


Démographie : Les colonies peuvent atteindre de multiples milliers d’ouvrières.
Particularités comportementales : Cette grande et commune espèce pourra cependant se faire discrète à certains endroits. Les ouvrières de toutes sous-castes fourragent seules aux alentours du nid, parfois en s’en éloignant beaucoup.
Alimentation : Espèce très opportuniste. Camponotus vagus se nourrit de toutes sortes d’insectes morts ou vivants ; elle apprécie également le miellat des pucerons qu’elle élève, dans le cadre d’une relation de mutualisme.

Essaimage : Les essaimages ont lieu au printemps, à partir d’avril et jusqu’à mai. Ils ont parfois lieu en juin pour l’’Europe de l’Est ou en Scandinavie. Il est à noter que ces Camponotus produisent leurs sexués à la fin de l’été, il n’est par conséquent pas rare de pouvoir observer des ailés à la surface des nids en cette période, ceux-ci passant la diapause pour ne s’envoler et s’accoupler qu’au printemps suivant. Avec le changement climatique et les automnes relativement chauds de ces dernières années, certains signalements d’essaimages tardifs nous ont été parvenus dans les régions du Sud de la France.
Comme chez la grande majorité des Camponotus, la stratégie de reproduction est le male aggregation syndrome, c’est-à-dire le mode d’essaimage « classique » : les mâles forment un essaim aérien, dans lequel les gynes volent ensuite afin de s’accoupler.

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Gynie : Cette espèce paraît monogyne. Plusieurs reines ont cependant été observées dans certains nids in natura, sans qu’il ne soit connu s’il s’agit ou non d’une polygynie fonctionnelle.
A noter que d’autres espèces du sous-genre nominal, comme C. ligniperda et C. herculeanus, sont oligogynes ; il n’est donc pas impossible que cette gynie particulière puisse se retrouver chez C. vagus.
Fondation : Indépendante et claustrale ; la gyne ne sort pas de sa loge et nourrit ses larves avec ses réserves, jusqu’à l’arrivée des premières ouvrières.
Cycle de développement : Endogène hétérodynamique ; la diapause est déclenchée par l’horloge biologique de l’animal indépendamment des conditions extérieures. La diapause chez cette espèce peut arriver assez vite après la fin de l’été selon la localisation et les conditions météorologiques.
4) RÉPARTITION :
Les Camponotus vagus sont présentes dans une grande partie de l’Europe, très communes dans les régions méridionales, très rares dans les pays les plus au Nord. Elles s’observent également dans l’Oural, en Russie, en Turquie, au Kazakhstan et près des littoraux au Maghreb. Elle est absente en Irlande et en Grande Bretagne.
5) ÉLEVAGE :
Température de maintien : 20 à 27 °C. Comme la majorité des espèces françaises, il n’est pas forcément nécessaire de les chauffer, bien que si la température ambiante est basse, il est tout de même préférable de maintenir une température aux alentours des 25 °C en été pour garantir un développement optimal. Chauffer dès la sortie de diapause est cependant inutile ; monter les températures progressivement selon la saison, en reproduisant les conditions in natura, est préférable.
Installation : La fondation pourra avoir lieu en tube à essai ; les tubes classiques de 16 mm de diamètre feront l’affaire le temps de la fondation, mais ceux de 18 ou 20 mm de diamètre seront plus convenables une fois que les ouvrières commenceront à s’accumuler. Le compartimenter avec des cylindres de liège sera possible. Par la suite, la colonie pourra être passée dans n’importe quel nid classique résistant à leurs mandibules.
Cette espèce étant lignicole, les nids en bois seront cependant tout particulièrement adaptés. Si vous optez pour un nid sec, veillez cependant à ce qu’un abreuvoir soit constamment présent dans l’aire de chasse.


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Hygrométrie : De 0 à 40 % de la surface du nid pourra être humidifiée. En effet, le nid peut rester sec tant qu’un abreuvoir est présent en permanence dans l’aire de chasse.
Foreuse ? : Oui, elles peuvent creuser dans du béton cellulaire si elles n’ont plus assez de place, et bien entendu elles peuvent aussi creuser dans le bois et le plâtre.
Diapause : La diapause est obligatoire, et devra avoir lieu durant trois à quatre mois (environ de novembre à mars) à environ 1 à 10 °C. Durant la pré-diapause, les larves cesseront leur développement et prendront une teinte jaunâtre, signe qu’elles seront prêtes pour la mise au froid.
Fondation : Claustrale ; il faudra placer la gyne dans un tube à essai préparé pour la fondation, puis il n’y aura plus à la nourrir jusqu’à l’émergence des premières ouvrières. Comme pour beaucoup de Camponotus françaises, la fondation est longue et difficile. Il faudra maintenir la gyne dans le plus grand calme à l’abri de la lumière et des vibrations. Dès l’arrivée des ouvrières, placez une ADC et nourrissez régulièrement la fondation.

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Alimentation en élevage : Cette espèce devra être nourrie de pseudo-miellat et d’insectes fraîchement tués. Opportuniste, elle s’accommodera de diverses sources de nourriture, bien que certaines colonies puissent avoir des préférences ; il faudra donc varier au maximum les recettes.
Difficulté d’élevage : Une des espèces de Camponotus françaises parmi les plus simples à maintenir. Si les paramètres d’élevage sont respectés, l’espèce peut très vite se développer à partir de la deuxième année d’élevage. Compte tenu de leur grande taille et de la haute démographie des colonies matures, elles pourront cependant se révéler quelque peu encombrantes sur le long terme.
Sources et Crédits :
Publications myrmécologiques :
- Bernard, F. 1967. Faune de l’Europe et du Bassin Méditerranéen. 3. Les fourmis (Hymenoptera Formicidae) d’Europe occidentale et septentrionale. Paris: Masson, 411 pp. (https://www.antcat.org/references/122660)
- Dalla Torre, K. W. 1893. Catalogus Hymenopterorum hucusque descriptorum systematicus et synonymicus. Vol. 7. Formicidae (Heterogyna). Leipzig: W. Engelmann, 289 pp. (https://www.antcat.org/references/124002)
- Dekoninck, W.; Pauly, A. 2002. Camponotus vagus Scopoli, 1763 (Hymenoptera Formicidae) a new ant species for Belgium? Bulletin de la Société Royale Belge d’Entomologie 138:29-30. (https://biblio.naturalsciences.be/associated_publications/societe-royale-belge-dentomologie-koninklijke-belgische-vereniging-voor-entomologie-1/srbe-138-2002/dekoninck-pauly-bulletin-138-i-vi-29-30-2002.pdf)
Sites Internet :
- Antcat.org
- Antwiki.org
- Antmaps.org
- Antweb.org
- AntArea.fr
- Inaturalist.org
- Wiktionnaire (https://fr.wiktionary.org/wiki/Wiktionnaire:Page_d%E2%80%99accueil)
Nos éleveurs : Triturus, One ants, Myrmicants, Loic Kornprobst, Yaya070, MymecoLab