Fiche d'élevage : Ectomomyrmex astutus

1) CLASSIFICATION ET SIGNIFICATION :

Famille : Formicidae
Sous-famille : Ponerinae
Tribu : Ponerini
Genre : Ectomomyrmex
Espèce : Ectomomyrmex astutus

Taxonomiste et année de description : Smith, 1858 (sous le nom de Pachycondyla astuta). 
Noms vernaculaires : Aucun.
Synonymes et anciens noms utilisés : Aucun synonyme n’est encore couramment utilisé. Les combinaisons Pachycondyla astuta et Bothroponera astuta ont en revanche été employées au cours de l’histoire du taxon, mais sont désormais obsolètes.

Étymologie genre : Du grec ancien ἐχτέμνω, « tomber », et μύρμηξ, « fourmi ». 
Étymologie espèce : Du latin astutus, « astucieux, rusé, fourbe ».

2) MORPHOLOGIE ET IDENTIFICATION :

TAILLE OUVRIÈRES : 12,5 à 13 mm
TAILLE GYNE : 13,5 à 14 mm
TAILLE MÂLE : ? mm

Morphisme : Monomorphe ; les variations de taille entre ouvrières d’une même colonie sont très faibles.

Identification : Sur son aire de répartition, Ectomomyrmex astutus pourra être reconnue parmi les autres Ectomomyrmex par la combinaison entre grande taille, clypeus profondément échancré et occiput non rebordé. 

Description et particularités physiques : Cette Ponérine d’assez grande taille présente une silhouette robuste et une teinte noir mat. Ses yeux sont réduits. Comme chez certaines autres Ponerinae, les œufs sont allongés, et les larves couvertes de protubérances semblables à de petites épines. 

3) BIOLOGIE :

Description du biotope : Cette espèce pourra notamment être retrouvée dans des biotopes forestiers, que ce soient des forêts primaires ou secondaires. Elle s’y retrouvera notamment sur des terrains en pente suffisamment ouverts pour que la lumière du soleil atteigne le sol. Elle est présente du niveau de la mer jusqu’à 1 200 mètres d’altitude. 

Nidification : Le nid est terricole, et ne comporte souvent qu’une entrée (rarement jusqu’à quatre), nue ou surplombée d’un petit monticole de terre et de débris. Le nid ne s’enfonce que jusqu’à 33 centimètres de profondeur, et consiste en un enchaînement de salles horizontales irrégulières et spacieuses, mesurant de 15 à 140 mm de large et 10 à 27 mm de haut. Jusqu’à 26 de ces salles peuvent être présentes dans le nid d’une grande colonie. 

Démographie : Les colonies peuvent atteindre 400 ouvrières.

Particularités comportementales :  Cette espèce agressive fourrage en solitaire, surtout au sol, où elle chasse à l’aide de son aiguillon dont elle pourra également user pour se défendre.
Bien que la reproduction soit avant tout assurée par de véritables reines, les ouvrières pourraient également s’accoupler afin d’occuper le rôle de gamergates. Elles peuvent pratiquer le tandem running.

Alimentation : Cette prédatrice généraliste ramènera au nid de petits arthropodes en tous genres. Tous les individus de la colonie, y compris les larves, se nourrissent directement sur les proies.

Essaimage :  La reproduction se fait par female calling : les gynes (peut-être également les ouvrières dominantes) réalisent un appel phéromonal au sol, afin d’attirer un mâle. Les données manquent pour affirmer une période d’essaimage précise.

Gynie : Inconnue. La seule espèce d’Ectomomyrmex dont la gynie est documentée, E. leeuwenhoeki, est strictement monogyne : les colonies ne comportent qu’un seul individu fécondé assurant la ponte, que ce soit une reine ou une gamergate.

Fondation :  Indépendante et semi-claustrale ; les jeunes reines s’aménagent une loge de fondation dans le sol, et la quittent régulièrement afin de chasser durant l’élevage de leur première génération de couvain.

Cycle de développement : Probablement homodynamique.

4) RÉPARTITION :

Cette espèce est largement répartie dans toute l’Asie de l’Est. On l’observe de la Chine et de la Corée jusqu’au Nord de l’Australie.

5) ÉLEVAGE :

Température de maintien : Entre 22 °C et 28 °C.

Hygrométrie : L’installation (y compris l’aire de chasse) devra garder une forte humidité ambiante, bien que le substrat ne doive surtout pas être détrempé dans le nid (ce qui serait dangereux pour le couvain, notamment les cocons).

Installation : L’installation devra être intégralement tapissée de substrat, indispensable pour que les larves puissent tisser leur cocon et aidant les ouvrières, maladroites sur les surfaces lisses, à se déplacer. Un substrat principalement composé de terre argileuse sera tout à fait adapté. Introduire une microfaune (qui pourra notamment être composée de collemboles) dans l’installation est recommandé.

Un tube à essai (tapissé de substrat) relié à une aire de chasse pourra suffire durant la fondation, puis vous pourrez optez pour un nid (par exemple en béton cellulaire, en plâtre résiné ou en tout autre matériau permettant une humidification convenable) comportant quelques larges salles horizontales afin de vous approcher au mieux de ceux que creuse l’espèce in natura. De façon alternative, de simples couvercles de boîtes de pétri retournés sur le substrat pourront faire l’affaire.
Un élevage en terrarium, où l’espèce pourra creuser son nid à sa guise, pourra également être convenable, même s’il présentera le désavantage de compliquer les manipulations dans le nid.

A noter que les ouvrières sont incapables de grimper aux parois lisses ; la barrière anti-évasion sera ainsi superflue tant que les vitres de l’installation restent propres. Enfin, il faudra également prendre en compte une tendance de cette espèce à abîmer les plantes dans son installation. 

Foreuse ? : Non.

Diapause : Cette espèce n’a pas besoin de diapauser à proprement parler, bien qu’une baisse de température saisonnière puisse être bénéfique en fonction du climat de la localité d’origine de votre colonie.

Fondation : Semi-claustrale ; il sera nécessaire de nourrir régulièrement la reine durant la fondation avec de petites proies fraîchement tuées.

Alimentation en élevage : Cette espèce devra être nourrie d’insectes fraîchement tués, voire de petites proies vivantes. Proposer occasionnellement des liquides sucrés sera également possible.

Reproduction en captivité : Comme beaucoup de Ponerinae, puisque cette espèce se reproduit par female calling, sa reproduction en captivité sera tout à fait accessible tant que vous disposez de plusieurs colonies matures. Une fois qu’ils sortiront dans l’aire de chasse, les gynes et mâles de colonies différentes pourront simplement être mis en présence dans un bac à part. Les paramètres exacts permettant d’optimiser la production des sexués, leur sortie du nid et leur accouplement restent à expérimenter.

A noter que cette espèce pourrait se reproduire via des gamergates. Cette possibilité reste encore à expérimenter, mais il pourrait donc être possible d’isoler des boutures de quelques ouvrières, attendre que l’une d’entre elles se mette en position d’appel phéromonal (immobile dans l’aire de chasse ou dans le nid, avec le gastre relevé chez l’espèce proche Ectomomyrmex leeuwenhoeki), puis vous pourrez simplement introduire un mâle originaire d’une autre colonie mère afin que l’accouplement ait lieu.

La possibilité de faire des générateurs de mâles (en isolant un groupe d’ouvrières sans lui permettre de s’accoupler, afin d’obtenir une production régulière de mâles au bout de quelques mois) reste à expérimenter.

Détails à ajouter : Une espèce active, relativement aisée à maintenir pour une Ponerinae. Attention, cependant, à sa piqûre douloureuse. Le temps de développement est de l’ordre de deux mois et demi à trois mois.

Difficulté d’élevage : Moyenne. Relativement aisée à maintenir et à contenir en comparaison d’autres Ponerinae, il vous faudra faire preuve de rigueur sur le maintien des paramètres d’élevage adéquats.

Sources et Crédits :

Publications myrmécologiques :

– Bingham, C. T. 1903. The fauna of British India, including Ceylon and Burma. Hymenoptera, Vol. II. Ants and Cuckoo-wasps. London: Taylor and Francis, 506 pp. (https://www.antcat.org/references/122766)

– Dalla Torre, K. W. 1893. Catalogus Hymenopterorum hucusque descriptorum systematicus et synonymicus. Vol. 7. Formicidae (Heterogyna). Leipzig: W. Engelmann, 289 pp. (https://www.antcat.org/references/124002)

– Gobin, B.; Ito, F.; Billen, J.; Peeters, C. 2008. Degeneration of sperm reservoir and the loss of mating ability in worker ants. Naturwissenschaften 95, 1041–1048 (https://link.springer.com/article/10.1007/s00114-008-0420-x)

– Ito, F.; Ikeshita, Y.; Gotoh, A.; Hashim, R. 2007. Reproduction by queens and gamergates in the Oriental ponerine ant Pachycondyla (= Ectomomyrmex) leeuwenhoeki var. sumatrensis Forel. Journal of Science and Technology in the Tropics 3: 65-68 (https://www.antwiki.org/wiki/images/c/cf/Ectomomyrmex_leeuwenhoeki_Ito_2007.pdf ) 

– Ke, Y.; Tian, W.; Zhuang, T.; Wang, C.; Liang, M. 2013. Nest architecture of four ponerine ant species (Formicidae, Ponerinae) and organisms present in their nests. Journal of South China Agricultural University, 2013, Vol. 34, No. 1, 45-50 ref. 15 (https://www.cabidigitallibrary.org/doi/full/10.5555/20133156983) 

– Mayr, G. 1867. Adnotationes in monographiam formicidarum Indo-Neerlandicarum. Tijdschrift voor Entomologie 10:33-117. (https://www.antcat.org/references/127217) 

– Smith, F. 1858. Catalogue of hymenopterous insects in the collection of the British Museum. Part VI. Formicidae. London: British Museum, 216 pp. (https://www.antcat.org/references/128685) Xu, Z. 1995. A taxonomic study of the genus Pachycondyla Smith in China (Hyminoptera [sic]: Formicidae: Ponerinae). Pp. 103-112 in: Xi, G.; Liu, Z.; 

– Xu, S. (eds.) 1995. Entomological research. First issue. A collection of research papers commemorating 40 years of teaching by Professor Zheng Zhemin. Xi’an: Shaanxi Normal University Press, 239 pp. (https://www.antcat.org/references/130503) 

Sites Internet :

  • Antcat.org
  • Antwiki.org
  • Antmaps.org
  • Antweb.org
  • Inaturalist.org
  • Wiktionnaire (https://fr.wiktionary.org/wiki/Wiktionnaire:Page_d%E2%80%99accueil)
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