Fiche d'élevage : Formica fusca

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Photographie couverture de la page Europe, recadrée pour une meilleure intégration.

1) CLASSIFICATION ET SIGNIFICATION :

Famille : Formicidae
Sous-famille : Formicinae
Tribu : Formicini
Genre : Formica
Sous-genre : Serviformica
Espèce : Formica fusca

Taxonomiste et année de description : Décrite par Carl Von Linné en 1758.
Noms vernaculaires : « Fourmi toute brune », « fourmi soyeuse ».
Synonymes et anciens noms utilisés : Formica barbata, Formica flavipes, Formica glebaria, Formica libera, Formica fusca pallipes, Formica fusca rufipes, Formica tristis. Aucun de ces synonymes n’est encore couramment utilisé.

Étymologie genre : Du latin formica, « fourmi ».
Étymologie espèce : Du latin fusca, « brun » ou « sombre ».

2) MORPHOLOGIE ET IDENTIFICATION :

TAILLE OUVRIÈRES : 3,5 à 6,5 mm
TAILLE GYNE : 7 à 10 mm
TAILLE MÂLE : 7 à 9 mm

Mâle Formica sp. par Triturus 

Morphisme : Monomorphe, bien que des variations importantes de taille entre ouvrières puissent parfois être observées.

Identification : Cette espèce pourra être distinguée des autres Serviformica françaises par la combinaison entre coloration noire uniforme (sans tache rougeâtre sur les joues), absence de poil dressé sur l’occiput et le pronotum, et pétiole pointu.

Description et particularités physiques : Formica fusca est une fourmi noire luisante, bien qu’elle soit couverte d’une courte pubescence lui conférant de légers reflets argentés. Du reste, sa pilosité est très courte. Les reines sont beaucoup plus massives que les ouvrières, mais partagent leur coloration et leur pilosité.

3) BIOLOGIE :

Description du biotope : Cette espèce pourra être rencontrée dans divers biotopes, que ce soit dans les sous-bois, les lisières de forêts, les prairies, ou même les parcs urbains. Elle est présente du niveau de la mer jusqu’à 2 300 mètres d’altitude.

Nidification : Les nids sont généralement terricoles, très superficiels, et souvent partiellement établis sous des pierres ou du bois mort. Les colonies pourraient être polydomes.

Démographie : Les colonies ne comportent le plus souvent que quelques centaines à quelques milliers d’ouvrières ; cependant, selon les populations, elles peuvent dépasser les 10 000 ouvrières. 

Particularités comportementales : Comme toutes les Formica, F. fusca est très vive, et se déplace avec la démarche saccadée typique du genre. Les ouvrières fourragent seules dans un rayon d’environ 8 mètres autour du nid à la recherche de nourriture. Il est à noter que, comme chez de nombreuses autres Formica, il peut y avoir un nombres assez conséquent de nymphes nues parmi le couvain, sans qu’il ne semble y avoir d’explication documentée à ce phénomène.
Cette espèce est susceptible de former des plésiobioses avec diverses autres fourmis, c’est-à-dire que ses nids sont parfois accolés à ceux de ces autres espèces.
Cette espèce est une hôte de parasites temporaires des sous-genres Formica s. str. et Coptoformica, ainsi que des espèces esclavagistes Formica sanguinea et Polyergus rufescens.

Alimentation : Cette espèce se nourrit principalement de liquides sucrés, notamment du miellat des pucerons qu’elle élève sur diverses plantes ou du nectar de fleurs. Elle récupère également de nombreux petits insectes. De manière globale, il s’agit d’une espèce opportuniste pouvant tirer profit de tous les aliments lui passant sous les mandibules.

Essaimage : Les essaimages se déroulent durant l’été, de juin à août, à partir des premiers oeufs pondus après la diapause. Ils ont souvent lieu durant les heures les plus chaudes de la journée. L’accouplement est le plus souvent monandre, même si entre le quart et le tiers des reines s’accouplent avec au moins deux mâles.
De manière très occasionnelle, des analyses génétiques semblent montrer qu’il y aurait en outre rarement des accouplements intra-nidaux dans certaines populations.

Gynie : Polygyne ; bien que beaucoup de colonies soient monogynes, de nombreuses autres comportent de multiples reines (parfois jusqu’à quelques dizaines) participant à la reproduction.

Fondation : Indépendante et claustrale ; après l’essaimage, les reines s’aménagent une loge dans la terre qu’elles ne quittent plus jusqu’à l’émergence des premières ouvrières.. Les gynes nouvellement fécondées peuvent également être adoptées par un nid de la même espèce afin de renforcer les rangs.

Cycle de développement : Endogène-hétérodynamique ; la diapause est déclenchée par l’horloge interne de la colonie, les paramètres extérieurs tels que la baisse de température n’influant que très peu sur le processus. Les premiers signes de pré-diapause ont lieu en fin d’été avec l’arrêt de la ponte, le ralentissement de l’activité ainsi que la présence de nombreuses ouvrières physogastres au sein du nid. 

4) RÉPARTITION :

Elle est largement répandue dans toute l’Europe, et s’étend jusqu’aux régions tempérées d’Asie. En France métropolitaine, elle est présente dans presque toutes les régions, sauf en Corse.

5) ÉLEVAGE :

Température de maintien : L’optimum se situera de 20 à 25 °C, si possible en effectuant une variation jour/nuit (qui accélérera le développement du couvain).
Une température constante inférieure à 15 °C ne permettra pas le développement du couvain, et la mortalité des larves sera très élevée si elle est supérieure à 28 °C.

Hygrométrie : Entre 30 % et 60 % de la surface du nid pourra être humidifiée.

Installation : Après une fondation en tube à essai, elle s’accommodera facilement de tout type de nid, pourvu qu’il comporte des salles assez grandes et un système d’humidification adéquate. Le béton cellulaire et la pierre reconstituée semblent être particulièrement adaptés.

Foreuse ? : Non.

Diapause : 4 à 5 mois (d’octobre à mars), à une température maintenue à environ 2 °C à 8 °C. Cette longue et rigoureuse diapause sera indispensable pour que la colonie se développe correctement au fil des années ; après une diapause trop courte, la reprise de la ponte sera plus tardive et moins abondante.

Fondation : Indépendante et claustrale ; la ou les gynes en fondation n’ont pas besoin d’être nourries.

Baptiste M.

Alimentation en élevage : En élevage, on nourrit cette espèce avec du pseudo-miellat avec des ingrédients variés, ainsi qu’une grande quantité d’insectes fraîchement tués. Il est également possible de proposer des morceaux de fruits, de préférence bio.

Détails à ajouter : La période de ponte annuelle ne s’étend que sur 13 à 17 semaines, et cesse donc relativement tôt. Tout le couvain termine son développement durant la fin de l’été ou le début de l’automne, puis la colonie passe la diapause sans couvain. Si l’on y ajoute qu’une seule et unique génération de couvain est assez souvent pondue durant l’année de la fondation, il faut donc faire preuve de patience avant que le développement de la colonie s’accélère.

A noter que les nymphes nues seront souvent presque aussi nombreuses que les cocons ; chez cette espèce, elles sont tout à fait viables et ne sont le signe d’aucun problème.

Enfin, cette espèce sera une hôte tout à fait adaptée pour fournir des cocons à la plupart des Formica à fondation parasite ainsi que de Polyergus rufescens.

Difficulté d’élevage : Facile. Cette espèce robuste conviendra à tous les éleveurs, y compris les débutants, qui sauront y accorder la patience requise. Il faudra en outre les laisser au calme, puisqu’elles sont très réactives et tendent à stresser facilement à la moindre vibration. Les colonies matures sont susceptibles de devenir assez populeuses, mais sans être gigantesques, et pourront ainsi être maintenues relativement aisément sur le long terme.

Sources et crédits :

Publications myrmécologiques :

Sites Internet :

Nos éleveurs : Triturus, Alex_fourmis, Baptiste M. …

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