⚠️ ( Avertissement ) ⚠️
Cette fiche est dédiée à Messor structor, mais les conditions d’élevage données s’appliquent aussi aux autres espèces du même groupe telles que Messor ibericus.
1) CLASSIFICATION ET SIGNIFICATION :
Famille : Formicidae
Sous-famille : Myrmicinae
Tribu : Stenammini
Genre : Messor
Espèce : Messor structor
Taxonomiste et année de description : Pierre-André Latreille en 1798 (sous le nom de Formica structor).
Noms vernaculaires : Comme toutes les fourmis du genre Messor, elles sont surnommées « fourmis moissonneuses ».
Synonymes et anciens noms utilisés : De multiple taxons sont synonymes de Messor structor (notamment Formica aedification, Formica lapidum et Formica rufitarsis), dont aucun n’est encore couramment utilisé.
Étymologie genre : Du latin messis, « moisson ».
Étymologie espèce : Du latin structor, « constructeur ».
2) MORPHOLOGIE ET IDENTIFICATION :
TAILLE OUVRIÈRES : 3 à 10 mm

TAILLE GYNE : 9 à 11 mm

TAILLE MÂLE : 7 à 8 mm

Romain
Morphisme : Un fort polymorphisme est présent au sein des colonies matures ; on peut séparer les ouvrières en minors, médias et majors. Ces dernières sont reconnaissables à leur grande tête, dont les fortes mandibules sont utiles au décorticage des graines. Il peut y avoir de grandes variations de taille pour chacune des sous-castes, et tous les intermédiaires sont présents, c’est pourquoi le polymophisme de cette espèce est dit « continu ». Il est cependant moins prononcé que chez d’autres Messor.
Identification : En France, on pourra notamment confondre M. structor avec M. ibericus, dont elle pourra être distinguée par son premier article du funicule plus long (légèrement plus de deux fois plus long que large chez M. structor, contre légèrement moins de deux fois plus long que large chez M. ibericus). Par ailleurs, les reines de M. structor sont plus grandes que celles de M. ibericus.
Ces deux espèces font partie du complexe cryptique structor ; pour plus de détails sur leur identification, voir Steiner et al., 2018.
Ces deux espèces peuvent être séparées des autres Messor françaises par leur pilosité abondante, leur sculpture grossière et leur coloration souvent brunâtre.
Description et particularités physiques : Messor structor est une fourmi présentant une coloration allant du marron clair au noir, mais étant le plus souvent brune. Là où les minors sont frêles, les majors présentent une grosse tête, qui reste cependant bien moins disproportionnée que chez d’autres Messor.
Elles sont capables de replier leur abdomen sous le thorax, une posture assez fréquente chez le genre Messor.
3) BIOLOGIE :
Description du biotope : Cette espèce vit dans toutes sortes de biotopes ouverts relativement secs, tant qu’elle y trouve d’abondantes graminées. Elle est cependant moins thermophile que la plupart des autres Messor, et pourra ainsi parfois même être retrouvée dans des milieux forestiers. Elle est en outre présente dans des milieux anthropisés, comme les cultures agricoles ou les parcs urbains. Bien qu’elle soit surtout présente à basse altitude en France, elle remonte jusqu’à 1 800 mètres d’altitude en Grèce.

Nidification : Les nids sont terricoles. Il peut atteindre quelques mètres de profondeur. Ses entrées sont souvent plus discrètes que chez d’autres Messor, mais sont néanmoins souvent repérables au tas de déchets (notamment des restes de graines) qui peut l’entourer.

Démographie : Les nids de Messor structor semblent comporter plusieurs milliers d’ouvrières. Cependant, certaines populations sont unicoloniales, et une même supercolonie est ainsi susceptible d’occuper de très nombreux nids.
Particularités comportementales : Cette espèce relie son nid aux sources de nourriture abondantes par de longues pistes, qui sont cependant plus irrégulières et diffuses que chez d’autres Messor. Une partie des graines transportées le long de ces pistes sont temporairement abandonnées sur place, et permettraient aux autres ouvrières recrutées depuis le nid de s’orienter plus vite vers le site de récolte.
Bien que les recrutements de Messor structor soient plus désorganisés que ceux de la plupart des autres espèces du genre, le fourragement des ouvrières seules est au contraire plus efficace, et elle est ainsi surtout adaptée pour rechercher des graines isolées.
Les graines ramenées dans le nid sont stockées dans des salles spécialisées du nid, les « greniers », qui sont gérés afin d’éviter la germination des graines et les moisissures. Elles fabriquent avec les graines un « pain de fourmis » en les mastiquant jusqu’à en faire une pâte ; ce pain sera consommé par tous les membres de la colonie, y compris les larves.
Alimentation : Ces fourmis sont essentiellement granivores, et récoltent toutes sortes de graines dans leur environnement. Elles consomment également d’autres débris végétaux ainsi que des cadavres d’insectes, mais de manière bien plus occasionnelle, et avant tout au printemps, lorsque les graines sont plus rares.
Elles n’ont pas de jabot social, et ne pratiquent pas de trophallaxie ; de fait, elles sont incapables de ramener efficacement de la nourriture liquide au nid.
Essaimage : Les essaimages, souvent peu importants, ont lieu au printemps, de début avril (voire fin mars) à fin mai avec un pic d’envol vers mi-avril. Chez certaines populations unicoloniales, il n’y a cependant pas d’essaimage à proprement parler, les accouplements étant alors intra-nidaux.
Gynie : Cette espèce est fortement polygyne.
Fondation : Indépendante et claustrale ; les gynes puiseront dans leurs réserves jusqu’à l’arrivée des premières ouvrières, qui iront chercher les premières graines.
La fondation peut également être effectuée de manière dépendante : les gynes se font alors adopter dans un nid de leur espèce après l’essaimage, puis partent ensuite bouturer plus loin accompagnées d’une partie de la colonie.
Cycle de développement : Cette espèce est exogène-hétérodynamique ; sa diapause est déclenchée par les conditions extérieures telles que la baisse des températures durant l’automne.

4) RÉPARTITION :
Cette espèce s’observe principalement sur la partie Nord du pourtour méditerranéen, ainsi qu’en Europe Centrale.
En France, elle est présente dans une large partie Sud (y compris en Corse), et remonte jusqu’au Loiret.
5) ÉLEVAGE :
Température de maintien : De 22 °C à 27 °C. La température optimale se situe aux alentours de 25 °C.
Hygrométrie : 30 à 55 % de la surface du nid pourra être humidifiée.
Installation : Après une fondation classique en tube à essai, cette espèce pourra se contenter de tout type de nid résistant à leurs mandibules. En effet, Messor structor est capable de creuser les matériaux trop friables ; de fait, les nids en plâtre et en PLA seront à éviter, et ceux en béton cellulaire devront être blindées, par exemple avec du plâtre résiné, du mortier, du mortier colle ou encore du ciment.
Le nid devra avoir des profondeurs de salles suffisantes, d’environ un centimètre au minimum, afin d’offrir suffisamment de place pour la confection du pain de fourmis. En effet, afin de le fabriquer, les ouvrières prennent généralement appui sur les hauteurs et gardent la tête en bas afin de mastiquer les graines.

Turtle
Foreuse ? : Oui, il faudra veiller à ce que le nid soit blindé.
Diapause : La diapause est obligatoire ; dans l’idéal, elle devra durer 3 à 4 mois à une température comprise entre 5 et 10 °C.
Fondation : Claustrale ; la reine placée dans un tube à essai avec une réserve d’eau n’aura pas besoin d’être nourrie jusqu’à l’émergence des premières ouvrières. A ce moment, une aire de chasse peut être raccordée au tube. Cette simple installation sera suffisante jusqu’à ce que le tube humide soit rempli d’ouvrières, généralement aux alentours de 50 à 100 individus, après quoi il sera possible de leur proposer un premier petit nid.
A noter que les reines d’au moins certaines populations peinent à fonder seules ; il conviendra alors d’en réunir plusieurs en pléométrose, ou même de leur faire directement adopter quelques ouvrières d’une colonie proche.

Turtle
Alimentation en élevage : Étant essentiellement granivores, vous devrez leur fournir des graines comme base de l’alimentation. Elles devront être de petite taille pour les jeunes colonies, et de toute taille une fois les premières médias et majors apparues dans la colonie. Il est conseillé de varier autant que possible les graines que vous proposez à votre colonie, d’abord afin de vous assurer que leur alimentation soit complète (les nutriments variant en fonction des graines) mais aussi parce que chaque colonie a ses préférences, qui peuvent changer avec le temps. Beaucoup de graines sont acceptées (quinoa, blé, lin, alpiste, niger, navette, avoine, chanvre, lin…) , de ce fait, vous pouvez leur proposer par exemple des mélanges de graines pour canaris. Vous pouvez aussi récolter quelques graines dans la nature, comme les graines de pissenlits qui sont très appréciées. Veillez toutefois à bien choisir l’emplacement de vos récoltes, en évitant par exemple les bords de routes fréquentées, les villes ou d’autres environnements potentiellement pollués. Il faudra également leur proposer occasionnellement des protéines supplémentaires par le biais d’insectes fraîchement tués.
Détails à ajouter : En comparaison d’autres espèces du genre, Messor structor se démarquera en particulier par sa polygynie, qui peut être un attrait majeur en élevage.
Reproduction en captivité : Certaines populations effectuent des accouplements intra-nidaux, et seraient donc de très bonnes candidates pour les tentatives de reproduction en captivité en partant d’une colonie aussi polygyne que possible.
Cependant, les données manquent sur le mode de reproduction des autres populations de l’espèce ; il n’est pas à exclure que certaines ne s’accouplent qu’en vol, et ne puissent donc pas être reproduites en captivité sans fécondation forcée ou insémination.
Par ailleurs, au moins certaines populations de Messor structor pratiquent l’hybridogenèse sociale, et la nécessité de disposer des deux lignées nécessaires à la reproduction ajoute une difficulté supplémentaire dans ce cas de figure.
Difficulté d’élevage : Facile. C’est une espèce robuste, pour laquelle le maintien sur le long terme ne posera pas de difficulté particulière.
Sources et Crédits :
Publications myrmécologiques :
- Urbani, C. B. 1991. Evolutionary aspects of foraging efficiency and niche shift in two sympatric seed-harvesting ants (Messor) (Hymenoptera Formicidae). Ethology Ecology & Evolution, 3(sup1), 75–79. https://doi.org/10.1080/03949370.1991.10721914
- Bernard, F. 1967. Faune de l’Europe et du Bassin Méditerranéen. 3. Les fourmis (Hymenoptera Formicidae) d’Europe occidentale et septentrionale. Paris: Masson, 411 pp. (https://www.antcat.org/references/122660)
- Borowiec, L.; Salata, S. 2025. A monographic review of ants of Greece (Hymenoptera: Formicidae) Vol. 2. Review of the subfamily Myrmicinae except the genera Temnothorax and Tetramorium. Part 1: text. Bytom: Natural History Monographs of the Upper Silesian Museum, 1-476. (https://www.antcat.org/references/144454)
- Hahn, M.; Maschwitz, U. 1985. Foraging strategies and recruitment behaviour in the European harvester ant Messor rufitarsis (F.). Oecologia 68, 45–51. https://doi.org/10.1007/BF00379472 (https://www.jstor.org/stable/pdf/4217795.pdf?casa_token=D4CWI8RKJu8AAAAA:y3okskawzTcTvpzdSHeeJlKO8v9P3lxRjzv4S1Yc5stwcclaTnOpeJOZvj5nJbYgbiaPB6dT5Y63yyY6r83paCFbJLgzz7wM0g8WhetAGJWFgRrYtfU)
- Romiguier, J.; Fournier, A.; Yek, S.; Keller, L. 2016. Convergent evolution of social hybridogenesis in Messor harvester ants. Molecular ecology. 26. 10.1111/mec.13899. (https://www.researchgate.net/publication/309716769_Convergent_evolution_of_social_hybridogenesis_in_Messor_harvester_ants)
- Schlick-Steiner, B.; Steiner, F.; Stauffer, C.; Buschinger, A. 2005. Life history traits of a European Messor harvester ant. Insectes Sociaux. 52. 360-365. 10.1007/s00040-005-0819-8. (https://www.researchgate.net/publication/225796203_Life_history_traits_of_a_European_Messor_harvester_ant)
- Steiner, F. M.; Csősz, S.; Markó, B.; Gamisch, A.; Rinnhofer, L.; Folterbauer, C.; Hammerle, S.; Stauffer, C.; Arthofer, W.; Schlick-Steiner, B. C. 2018. Turning one into five: Integrative taxonomy uncovers complex evolution of cryptic species in the harvester ant Messor “structor”. Molecular Phylogenetics and Evolution 127:387-404. 10.1016/j.ympev.2018.04.005 (https://www.antcat.org/references/143195)
Sites Internet :
- Antcat.org
- Antwiki.org
- Antmaps.org
- Antweb.org
- AntArea.fr
- Inaturalist.org
- Wiktionnaire (https://fr.wiktionary.org/wiki/Wiktionnaire:Page_d%E2%80%99accueil)
Nos éleveurs : One Ants, Romain, Turtle…