Fiche d'élevage : Neoponera apicalis

1) CLASSIFICATION ET SIGNIFICATION :

Famille : Formicidae
Sous-famille : Ponerinae
Tribu : Ponerini
Genre : Neoponera
Espèce : Neoponera apicalis

Taxonomiste et année de description : Pierre-André Latreille en 1802 (sous le nom de Ponera apicalis).
Noms vernaculaires : L’espèce fut désignée sous le nom désormais obsolète de Pachycondyla apicalis entre 1995 et 2014.
Synonymes et anciens noms utilisés : Les taxons Neoponera latreillei et Neoponera obscuricornis latocciput sont considérés comme synonymes de Neoponera apicalis, mais aucun d’eux n’est encore couramment utilisé.

Étymologie genre : Du grec ancien νέος,  « nouveau », et πονηρός, “laborieux”, “misérable”.
Étymologie espèce : Du latin apex, « pointe », avec le suffixe de relation -alis, probablement en référence à l’apex jaune des antennes.

2) MORPHOLOGIE ET IDENTIFICATION :

TAILLE OUVRIÈRES :  12 mm
TAILLE GYNE : 13 mm

Myrmicants (La gyne a une antenne manquante)

TAILLE MÂLE : 10 mm

Morphisme : L’espèce est monomorphe ; on n’observe que de faibles variations de taille entre les ouvrières d’une même colonie.

Identification : Neoponera apicalis pourra être distinguée des autres Neoponera décrites par la combinaison entre absence de poils dressés sur la face dorsale du mesosoma, très grands yeux et apex des antennes jaune.
Parmi les confusions possible, on peut notamment citer les espèces proches N. obscuricornis (dont l’apex des antennes est jaune) et N. cooki (chez qui des poils dressés sont présents sur le mesosoma).

Cependant, un complexe d’espèces cryptique se trouve en réalité sous le nom de Neoponera apicalis, dont les composantes sont encore en attente d’être délimitées et décrites.

Description et particularités physiques : Cette grande Ponérine aux gros yeux se distingue par sa silhouette haute, ses antennes à l’apex jaune et sa teinte noir mat. Les reines sont assez semblables aux ouvrières, mais peuvent classiquement en être différenciées par un mesosoma plus volumineux et trois ocelles peu saillants sur la tête.

3) BIOLOGIE :

Description du biotope : Neoponera apicalis est une espèce vivant principalement dans le sous-bois des forêts néotropicales primaires et secondaires, ainsi que dans la forêt Amazonienne. Elle est occasionnellement recensée dans les forêts de montagne et dans les plantations de cafés. Elle se retrouve moins fréquemment en savane. Elle est absente en milieu urbain et dans les espaces verts entretenus. Elle peut être retrouvée du niveau de la mer jusqu’à 1 600 mètres d’altitude.

Nidification : Les nids sont habituellement terricoles ou logés dans le bois pourri, voire dans des tiges creuses. Ils abritent une grande diversité d’arthropodes commensaux. Les colonies semblent monodomes.

Démographie : Les colonies sauvages semblent généralement comporter moins de 200 ouvrières. Certaines colonies d’élevage dépassent cependant ce nombre.

Particularités comportementales : Neoponera apicalis est une espèce active aussi bien de nuit que de jour, fourrageant au sol, dans la litière et dans la végétation en se repérant en grande partie grâce à sa bonne vision. Aucun recrutement organisé n’est effectué, et le tandem-running n’est employé que lors des déménagements. Elles sont très vives, capables d’effectuer de petits sauts, et n’hésitent pas à piquer ou à mordre. En cas de dérangement, elles peuvent également striduler.

Les interactions et conflits de dominance entre ouvrières (qui prennent la forme de coups d’antennes ou de morsures) sont fréquents, et mènent à la formation d’une hiérarchie. Les ouvrières dominantes tendent à rester dans le nid à proximité des grappes d’oeufs, tandis que les subordonnées, qui sont souvent les ouvrières les plus âgées, effectuent la majeure partie du fourragement. Bien que les ouvrières puissent activement pondre des oeufs de mâles par parthénogenèse arrhénotoque (surtout en l’absence de reine, plus rarement en sa présence), les gamergates sont cependant absentes chez cette espèce. 

Alimentation : Neoponera apicalis est une prédatrice opportuniste, chassant en solitaire une grande variété d’insectes, et notamment de termites. Elle peut également s’attabler sur les cadavres de vertébrés, et consommerait également des substances sucrées telles que des nectars ou de petits fruits trouvés au sol.

L’absence de trophallaxie est compensée par la capacité de cette espèce à effectuer des pseudo-trophallaxies : elle est ainsi capable de maintenir entre ses mandibules une goutte de liquide en tension, qu’elle peut ensuite ramener au nid. Tous les individus de la colonie, y compris les larves très mobiles, se nourrissent ensuite directement sur la nourriture ramenée par les fourrageuses. Les ouvrières sont également capables de pondre des oeufs trophiques difformes leur permettant de partager leurs réserves de nourriture avec les autres membres de la colonie.

Essaimage : Les essaimages ont lieu tout au long de l’année, mais avec des pics à des périodes variables en fonction des régions, coïncidant généralement avec les saisons pluvieuses.

Gynie : Monogyne ; une seule reine assure habituellement la ponte dans chaque nid.

Fondation : Semi-claustrale ; les reines fourragent régulièrement afin de se nourrir avant l’arrivée des premières ouvrières.  

4) RÉPARTITION :

Neoponera apicalis est largement répartie dans les forêts tropicales humides d’Amérique latine. On pourra l’observer du Sud du Mexique jusqu’au Sud du Brésil. Rare dans les savanes du Cerrado, elle sera cependant absente dans les brousses xériques du Caatinga (Nord-Est brésilien) ainsi que dans les hauteurs des Andes.

5) ÉLEVAGE :

Température de maintien : 22 à 28 °C. Effectuer un gradient thermique sera conseillé. Veillez en outre à adapter la température d’élevage au climat de la localité d’origine de votre colonie (la plupart des gynes vendues proviennent de Guyane française ou de Colombie).

Hygrométrie : Une hygrométrie importante dans l’air (y compris dans l’aire de chasse), d’environ 70 %, est nécessaire, mais il faut veiller à ce que le sol ne soit pas détrempé afin de préserver la santé du couvain. Il est conseillé de créer un gradient hygrométrique dans l’installation.

Installation : Il sera possible d’installer la colonie dans un nid (par exemple en béton cellulaire, ou tout autre matériau conduisant bien l’humidité), en privilégiant un tracé comportant un petit nombre de larges salles. L’installation devra être entièrement tapissée de substrat, qui pourra être composé d’un mélange d’argile et d’humus, en ajoutant des morceaux de feuilles mortes à la surface. Veillez à y introduire une microfaune abondante, et notamment des collemboles. En revanche, les cloportes blancs tropicaux du genre Trichorhina sont à éviter, car pouvant causer du stress et endommager les cocons.

Pour une grande colonie, l’installation devra être très spacieuse ; à titre indicatif, une cuve d’au moins 100 centimètres de longueur et 80 centimètres de hauteur pourra ainsi être convenable.
Ces fourmis étant de bonnes grimpeuses, n’hésitez pas à profiter des trois dimensions dans l’aménagement de l’installation. En outre, puisqu’elles sont tout à fait capables de grimper aux parois lisses, une barrière anti-évasion et un couvercle seront nécessaires.

Alternativement, il sera également possible d’installer la colonie dans un terrarium où elle pourra creuser à sa guise dans une large épaisseur de substrat. Notez cependant que cette espèce peut attaquer les plantes et a tendance à retourner une grande partie du substrat du terrarium.

Terrarium de MyInsecta

Foreuse : Oui ; cette espèce peut forer le plâtre s’il est trop fin.

Diapause : Pour cette espèce tropicale, aucune véritable diapause n’est requise. Des variations saisonnières de température pourront cependant être effectuées en fonction du climat de la localité d’origine de votre colonie.

Fondation : Semi-claustrale ; la reine, installée dans un module de fondation placé dans une aire de chasse (ou installée dans un petit terrarium), devra être nourrie régulièrement avec des insectes tout au long de la fondation. En captivité, le taux de réussite de la fondation semble plus haut que chez d’autres grandes Ponérines.

Alimentation en élevage : Cette espèce nécessite une grande quantité d’insectes vivants ou très fraîchement tués. Il est important de varier les proies en fonction de la taille de la colonie. Elle devra être nourrie plusieurs fois par semaine avec des sources de protéines, voire quotidiennement pour les colonies bien établies. Des viandes crues, du rosé de souris, ainsi que des liquides sucrés seront également appréciés occasionnellement.

Cohabitation : Plusieurs tentatives de cohabitation ont été effectuées avec des Apterostigma, Pseudomyrmex et Cephalotes ; toutes se sont soldées par un échec.

Reproduction : Le mode de reproduction de Neoponera apicalis ne semble pas précisément documenté. Cependant, comme la grande majorité des autres Ponerinae, il est probable que sa stratégie de reproduction soit le female calling, ce qui permettrait l’accouplement au sol et rendrait donc la reproduction en captivité aisée.
Dans tous les cas, tenter de reproduire cette espèce en captivité vous demandera de maintenir plusieurs colonies en parallèle. Les grandes colonies produiront de nombreux sexués, et il est possible de constituer des générateurs de mâles en isolant des groupes d’ouvrières sans reine.

Détails à ajouter : Le transport en tube est fortement déconseillé ; préférez une boîte humidifiée pour limiter le stress et les risques d’accidents.

Les colonies produisent beaucoup de déchets ; un nettoyage quotidien sera donc nécessaire afin d’éviter les moisissures et les invasions d’acariens détritivores, et la microfaune devra être particulièrement abondante dans l’installation.

Attention : cette espèce est capable d’infliger une piqûre douloureuse, et n’hésitera pas à se servir de son aiguillon.

Difficulté d’élevage : Moyenne à Difficile. Cette espèce est l’une des grandes Ponerinae les plus faciles à faire fonder, et les colonies sont peu craintives. Cependant, en raison de la grande place occupée par les colonies matures et de la grande quantité de nourriture à distribuer quotidiennement, le maintien sur le long terme pourra s’avérer contraignant. En cas de manque de place, il peut être préférable de vous réorienter vers des espèces plus petites ou constituant des colonies moins peuplées (comme sa proche cousine Neoponera verenae).

Sources et Crédits :

Publications myrmécologiques :

Sites Internet :

  • Antcat.org
  • Antwiki.org
  • Antmaps.org
  • Antweb.org
  • Inaturalist.org
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