1) CLASSIFICATION ET SIGNIFICATION :
Famille : Formicidae
Sous-famille : Ponerinae
Tribu : Ponerini
Genre : Odontomachus
Espèce : Odontomachus bauri
Taxonomiste et année de description : Elle a été décrite par Carlo Emery en 1892.
Noms vernaculaires : « Comme toutes les Odontomachus, elle est surnommée « fourmi à mâchoire piège », ou en anglais « Trap-jaw ant ».
Synonymes et anciens noms utilisés : De multiples taxons sont considérés comme synonymes d’Odontomachus bauri, mais aucun n’est encore couramment utilisé.
Étymologie genre : Du grec ancien ὀδόντος, « dent », et μαχη, « combat », soit « dent guerrière ».
Étymologie espèce : En hommage à Georg Baur (1859-1898), paléontologue allemand spécialisé dans les vertébrés, qui a collecté les spécimens types de cette espèce.
2) MORPHOLOGIE ET IDENTIFICATION :
TAILLE OUVRIÈRES : 9 à 12,6 mm

TAILLE GYNE : 11,6 à 12,9 mm

TAILLE MÂLE : 6,3 à 7,2 mm

Morphisme : Monomorphe.
Identification : Odontomachus bauri peut être confondue avec les multiples autres espèces proches d’O. haematodus. Pour l’identification des Odontomachus néotropicales, vous pouvez vous référer à la révision de França et al., 2024.
Description et particularités physiques : Odontomachus bauri est une ponérine de taille moyenne, dont le corps est brun foncé presque noir, là où ses pattes et ses antennes sont brunes à jaunâtres. Comme toutes les fourmis du genre Odontomachus, elle est connue pour ses mandibules de forme singulière, spécialisées pour être refermées à grande vitesse. En l’occurence, Odontomachus bauri peut faire claquer ses mandibules à une vitesse atteignant 64 m/s, soit 230,4 km/h. Ses mandibules sont munies de poils fins et sensibles, et s’ouvrent à 180° avant d’être bloquées dans cette position durant le fourragement ; lorsqu’une proie touche les poils sensitifs, elles se referment brusquement et effectuent un puissant claquement humainement audible. Elles peuvent également être refermées sur une surface solide, permettant ainsi à l’ouvrière de se propulser en l’air ou en arrière afin d’échapper à un prédateur.

Odontomachus by tunosemi on Sketchfab
3) BIOLOGIE :
Description du biotope : Présente dans des milieux forestiers tropicaux primaires, en sous-bois sombres et humides. On les retrouve au sol et dans les strates basses de la végétation. Elle est assez commune et s’habitue également aux zones rurales et urbaines. Elle peut se retrouver en altitude jusqu’à environ 1 000 m.

Nidification : Elles vivent principalement dans la litière, sous les pierres et dans le bois mort, et occasionnellement dans le tronc d’arbres vivants et même parfois dans la litière accumulée à la base des feuilles de vieux cocotiers. Les fondations sont assez discrètes mais les colonies adultes le sont beaucoup moins. Les colonies peuvent être polydomes.
Démographie : Probablement plusieurs centaines d’ouvrières.
Particularités comportementales : Cette fourmi chasse principalement à l’aide du claquement de ses mandibules particulières, mais est également munie d’un aiguillon fonctionnel dont elle n’hésite pas à se servir. Il peut également leur servir pour se défendre contre les agresseurs ; leur piqûre serait plus douloureuse pour les humains que celle d’autres Odontomachus (classée à 2,5 sur l’échelle de Schmidt), et peut entraîner des réactions allergiques potentiellement mortelles.
Ces fourmis ne sont pas capables de stocker de grandes quantités de nourriture et doivent donc chasser régulièrement pour nourrir leur couvain. Lorsqu’une larve cherche à tisser son cocon, les ouvrières l’entourent de substrat afin de lui fournir un support de tissage sans quoi cette action ne serait pas possible.
Comme beaucoup d‘Odontomachus, elles ont tendance à accrocher leur larve sur les vitres de leur nid.
L’espèce fourrage principalement en solitaire, de jour comme de nuit.
Occasionnellement, O. bauri peut être parasité par des nématodes. Elle est également l’hôte de plusieurs espèces de guêpes et de mouches parasites.
Alimentation : Dans la nature, cette espèce se nourrit presque exclusivement d’une large diversité d’insectes de taille variable, vivants et parfois morts, notamment des termites ou fourmis. Elle est d’ailleurs occasionnellement retrouvée dans les nids de Cornitermes cumulans. Comme d’autres Odontomachus, il est cependant possible qu’elle puisse aussi occasionnellement se nourrir des fruits tombés au sol ou autres substances sucrées.
Essaimage : Les essaimages se font aux périodes pluvieuses de l’année ainsi qu’aux petites saisons sèches, selon les régions et le climat. Cependant, des gynes seules en fondation peuvent être observées toute l’année en train de fourrager.
Gynie : Cette espèce serait principalement monogyne.
Fondation : Indépendante et semi-claustrale. Les gynes creusent une loge dans la terre et sortent chasser pour nourrir les larves jusqu’à l’apparition des premières ouvrières.
Cycle de développement : Odontomachus bauri est homodynamique : elle ne fait donc pas de diapause, et se développe tout au long de l’année, bien que d’éventuelles baisses de température saisonnières puissent ralentir son développement.

4) RÉPARTITION :
L’espèce se retrouve dans toute la zone néotropicale et subtropicale des trois sections du continent Américain. De manière naturelle en Amérique du Sud et Centrale, mais en tant qu’espèce exotique nuisible aux Galapagos. La quasi-totalité des spécimens vendus en Europe proviennent de Guyane française ou d’Équateur.
5) ÉLEVAGE :
Température de maintien : Entre 23 °C et 27 °C. Faire un point chaud et un point froid est fortement conseillé. La préférence thermique varie particulièrement en fonction de la zone de récolte. Ainsi des colonies provenant du côté ouest de l’Amérique du Sud ou de la Cordillère des Andes nécessiteront une température plus fraîche (22 °C à 23 °C) que des colonies provenant des grandes forêts de l’Est (25 °C à 26 °C).
Hygrométrie : L’hygrométrie devra être importante dans l’air (65 % à 80 %), mais veillez à ce que le sol ne soit pas détrempé pour le bien du couvain. Créer un gradient hygrométrique dans l’installation est conseillé.
Installation : Pour les reines seules et jeunes fondations, cette espèce accepte les modules de fondation en béton-cellulaire avec substrat, les modules de fondation en plâtre avec substrat (il est recommandé de couper le plâtre avec de la terre lors du moulage du nid pour une meilleure humidification), les tubes à essai avec substrat et les terrariums. L’espèce a du mal à se déplacer sur les surfaces lisses comme l’acrylique, le verre ou le plexiglas.
Pour les petites et grandes colonies, cette espèce se contente des nids en béton cellulaire ou plâtre avec du substrat. Il est cependant recommandé d’élever Odontomachus bauri en terrarium. A noter que les terrariums végétalisés devront être construits sans planter de strate végétale basse. En effet, les petites plantes ainsi que les mousses risqueraient d’être rapidement déracinées ou recouvertes de substrat, n’hésitez donc pas à favoriser les plantes épiphytes. Par ailleurs, le substrat sera massivement retourné.
Comme vu précédemment, elles ne grimpent pas sur les surfaces lisses telles que le verre, l’anti-évasion sera donc superflu. De plus, les colonies en manque de place sont régulièrement surprises en train de coller de petits morceaux de substrat aux parois lisses afin de s’évader.
Nous conseillons un volume d’au moins 60*45*45 cm pour une colonie adulte.

Foreuse ? : Non.
Diapause : Pas de diapause nécessaire pour cette espèce.
Fondation : Fondation indépendante et semi-claustrale. Il faudra donc nourrir lors de la fondation. Le développement n’est pas très long pour une Ponerinae, de l’ordre d’environ deux mois et demi de la ponte à l’ouvrière adulte.

Alimentation en élevage : Elles acceptent les insectes fraîchement tués ainsi que les petits insectes vivants. Il sera aussi possible de leur fournir de temps à autre des liquides sucrés. D’après les observations en élevage, les liquides sucrés ne sont pas appréciés par toutes les colonies, il vous sera donc conseillé de faire des tests des préférences gustatives de vos colonies.
Reproduction en captivité : À notre connaissance, Odontomachus bauri n’a jamais été reproduite en captivité ; cependant, tout laisse à penser qu’elle est une bonne candidate pour cela. D’autres espèces d’Odontomachus ayant une biologie similaire, comme O. haematodus, ont déjà été reproduites avec succès. Il a été observé que O. haematodus supporte mal la reproduction consanguine (à cause du problème des mâles diploïdes), et il est probable qu’il en soit de même pour Odontomachus bauri. Veillez donc à utiliser des sexués provenant de colonies différentes pour espérer obtenir des gynes capables de fonder des colonies viables.
Difficulté d’élevage : Probablement facile à maintenir par rapport à la majorité des Ponerinae. Sa robustesse face à de légères erreurs sera un atout pour tout éleveur souhaitant débuter l’élevage de ponéromorphes. Cependant, gare à sa piqûre potentiellement allergène.
Sources et Crédits :
Publications myrmécologiques :
- Ehmer, B.; Hölldobler, B. 1995. Foraging Behavior of Odontomachus bauri on Barro Colorado Island, Panama. Psyche: A Journal of Entomology. 102. 215-224. 10.1155/1995/27197. (https://www.researchgate.net/publication/249558838_Foraging_Behavior_of_Odontomachus_bauri_on_Barro_Colorado_Island_Panama)
- França, E. C. B.; Fernandes, I. O.; Lattke, J. E. 2024. Looking at upside-down ants: Taxonomic revision of the Neotropical species of Odontomachus Latreille, 1804 (Hymenoptera: Formicidae: Ponerinae). Zootaxa 5502 (1):1-166. 10.11646/zootaxa.5502.1.1 (https://www.antcat.org/references/144395)
- Schmidt, J. 2019. Pain and Lethality Induced by Insect Stings: An Exploratory and Correlational Study. Toxins. 11. 427. 10.3390/toxins11070427. (https://www.researchgate.net/publication/334610409_Pain_and_Lethality_Induced_by_Insect_Stings_An_Exploratory_and_Correlational_Study)
Sites Internet :
- Antcat.org
- Antwiki.org
- Antmaps.org
- Antweb.org
- Inaturalist.org