1) CLASSIFICATION ET SIGNIFICATION :
Famille : Formicidae
Sous-famille : Ponerinae
Tribu : Ponerini
Genre : Odontomachus
Espèce : Odontomachus haematodus
Taxonomiste et année de description : Elle a été décrite par Carl Von Linné en 1758 (sous le nom de Formica haematoda) d’après un spécimen holotypique en provenance du Suriname.
Noms vernaculaires : Comme les autres Odontomachus, « fourmi mâchoires piège » ou en anglais « Trap-jaw ant ».
Synonymes et anciens noms utilisés : Formica maxillosa, Odontomachus hirsutiusculus, Odontomachus haematodus brunneipes et Odontomachus haematodus pallipes sont synonymes d’O. haematodus. Aucun de ces synonymes n’est encore couramment utilisé.
Étymologie genre : Du grec ancien ὀδόντος, « dent », et μαχη, « combat », soit « dent guerrière ».
Étymologie espèce : Du grec ancien αἷμα, “sang”. Dans la description originale, Linné indique uniquement que la mandibule est rouge, le nom faisant probablement référence à ce caractère.
Une autre interprétation possible serait la combinaison de αἷμα et de l’adverbe ὀδάξ, « avec les dents », en allusion à la forme des mandibules d’Odontomachus donnant l’impression qu’une morsure pourrait provoquer un saignement (bien qu’il n’en soit en réalité rien).
2) MORPHOLOGIE ET IDENTIFICATION :
TAILLE OUVRIÈRES : 8,5 à 11,8 mm

TAILLE GYNE : 9,9 à 12,3 mm

TAILLE MÂLE : 5,6 à 6,5 mm

Morphisme : Monomorphe.
Identification : Oui, Odontomachus haematodus peut être confondue avec un grand nombre d’espèces d’Odontomachus telles que O. bauri, O .brunneus, O. chicomendesi, O. cupreus, etc. Si vous souhaitez tenter une identification, vous pouvez vous référence à la révision de França et al., 2024.
Description et particularités physiques : Le corps d’Odontomachus haematodus varie du brun foncé presque noir au brun clair. Les pattes et les antennes sont brunes à jaunâtres. C’est une ponérine de taille moyenne. Comme toutes les Odontomachus, elle est connue pour sa capacité à faire claquer ses mandibules à très grande vitesse. Ses mandibules munies de poils fins et sensibles, s’ouvrent à 180° pour effectuer un puissant claquement humainement audible. Elles peuvent piquer et provoquer une démangeaison moyenne pendant environ 30 minutes. Aucun cas d’allergie n’est recensé mais cela ne la rend pas inoffensive.
Odontomachus by tunosemi on Sketchfab
3) BIOLOGIE :
Description du biotope : Présente dans des milieux forestiers tropicaux primaires et en forêt claire. Elle est assez commune et s’habitue également aux zones rurales et urbaines. Elle peut se retrouver en altitude jusqu’à environ 1 100 m.

Nidification : Odontomachus haematodus est une espèce opportuniste qui peut être trouvée à la fois dans la basse végétation, où elle nidifie dans des troncs en décomposition et des branches tombées, sous des pierres et autour des racines des arbres. Elle peut également être présente en hauteur. Certaines colonies nidifient dans des jardins de fourmis et dans des plantes épiphytes, notamment les broméliacées comme Aechmea aquilega. Les colonies peuvent être polydomes, et les nids sont généralement peu profonds. Il est courant de les trouver en zone rurale, où elles ont notamment été observées dans des fissures de murs d’habitation et sous des pots de fleurs.

Démographie : Cette espèce fait des colonies de plusieurs centaines d’individus, pouvant parfois atteindre au moins 1 100 ouvrières.
Particularités comportementales : Étant une Ponerinae, elle est donc munie d’un aiguillon fonctionnel dont elle se sert régulièrement lorsqu’elle chasse. Ces fourmis ne sont pas capables de stocker de grandes quantités de nourriture et doivent donc chasser régulièrement pour nourrir leur couvain. Lorsqu’une larve souhaite tisser son cocon, les ouvrières l’entourent de substrat afin de lui fournir un support de tissage sans quoi cette action ne serait pas possible.
Comme beaucoup d‘Odontomachus sp, elles ont tendance à accrocher leur larve sur les vitres de leur nid.
O. haematodus serait dans la nature particulièrement sensible aux nématodes parasites. Elle est également l’hôte de plusieurs espèces de guêpes et de mouches parasites.
Alimentation : Dans la nature, cette espèce se nourrit presque exclusivement d’insectes de taille variable qu’elle ramène au nid pour nourrir les larves. Il lui arrive aussi occasionnellement de se nourrir des fruits tombés au sol ou autres substances sucrées.
Essaimage : Les essaimages se font aux périodes pluvieuses de l’année ainsi qu’au petite saison sèche, selon les régions et le climat. Cependant, des gynes seules en fondation peuvent être observées toute l’année en train de fourrager.
Gynie : Cette espèce est monogyne mais pourrait tolérer une polyginie facultative.
Fondation : Indépendante et semi-claustrale.
Cycle de développement : Odontomachus haematodus est homodynamique : elle ne fait donc pas de diapause, et se développe tout au long de l’année. Cependant, d’éventuelles saisons plus fraîches sont susceptibles de ralentir leur développement en fonction des localités.
4) RÉPARTITION :
L’espèce se retrouve dans toute la zone néotropicale et subtropicale des trois sections du continent Américain. De manière naturelle en Amérique du Sud et centrale mais comme espèce exotique nuisible en Amérique du Nord (Mexique et États-Unis). Elle a également été retrouvée dans des bâtiments à Hawaii. La quasi-totalité des spécimens vendus en Europe proviennent de Guyane française ou d’Équateur.
5) ÉLEVAGE :
Température de maintien : Entre 24 °C et 28 °C dans l’air de chasse et entre 22 °C et 26 °C dans le nid. Faire un point chaud et un point froid est fortement conseillé. La préférence thermique varie particulièrement en fonction de la zone de récolte. Ainsi des colonies provenant du côté ouest de l’Amérique du Sud ou de la Cordillère des Andes nécessitent une température plus fraîche (22 °C à 23 °C) que des colonies provenant des grandes forêts de l’Est (25 °C à 26 °C).
Hygrométrie : Il faudra créer une hygrométrie importante dans l’air (65 % à 80 %), mais veillez à ce que le sol ne soit pas détrempé pour le bien du couvain. Créer un gradient hygrométrique dans le terrarium est conseillé.
Installation : Pour les reines seules et jeunes fondations, cette espèce accepte les modules de fondation en béton cellulaire avec substrat, les modules de fondation en plâtre avec substrat (il est recommandé de couper le plâtre avec de la terre lors du moulage du nid pour une meilleure humidification), les tubes à essai avec substrat et les terrariums. L’espèce a du mal à se déplacer sur les surfaces lisses comme l’acrylique, le verre ou le plexiglas.
Pour les petites et grandes colonies, cette espèce se contente des nids en béton cellulaire ou plâtre avec du substrat, cependant il est recommandé d’élever Odontomachus haematodus en terrarium. A noter que les terrariums végétalisés devront être construits sans planter de strate végétale basse. En effet, les petites plantes ainsi que les mousses risqueraient d’être rapidement déracinées ou recouvertes de substrat, n’hésitez donc pas à favoriser les plantes épiphytes. En outre, le substrat de l’installation sera abondamment retourné.
Comme vu précédemment, elles ne grimpent pas sur les surfaces lisses telles que le verre, c’est pourquoi l’anti-évasion sera superflu. Cependant, les colonies en manque de place sont régulièrement surprises entrain de coller de petits morceaux de substrat aux parois lisses afin de s’évader.
Nous conseillons un volume d’au moins 60*45*45 cm pour une colonie adulte.


Foreuse ? : Non.
Diapause : Pas de diapause pour cette espèce.
Fondation : Fondation indépendante et semi-claustrale. Il faudra donc nourrir lors de la fondation. Le développement n’est pas très long pour une Ponerinae, environ 2 mois et demi de la ponte à l’ouvrière adulte.
Alimentation en élevage : Elles acceptent les insectes fraîchement tués ainsi que les petits insectes vivants. Il sera aussi possible de leur fournir de temps à autre des liquides sucrés. D’après les observations en élevage, les liquides sucrés ne sont pas appréciés par toutes les colonies, il vous sera donc conseillé de faire des tests des préférences gustatives de vos colonies.
Reproduction : En 2022 et 2023, un français a reproduit Odontomachus haematodus en captivité pour la première fois. Antariums encourage cette démarche. Nous recommandons cependant aux éleveurs de prioriser une fécondation croisée (à partir de plusieurs colonies d’origines différentes), plutôt qu’une fécondation consanguine (mâles et femelles originaires de la même colonie). En effet, Odontomachus haematodus n’a aucune immunité au problème des mâles diploïdes, et la consanguinité résulte donc en une grande proportion de fondations non viables.
Difficulté d’élevage : Probablement facile à maintenir par rapport à la majorité des Ponerinae. Son prix relativement bas et sa robustesse face à de légères erreurs se révèleront être des atouts pour tout éleveur souhaitant débuter l’élevage de Ponerinae ou de poneromorphe. Cependant, gare à la piqûre qui peut se révéler douloureuse. Étant une Odontomachus formant des grandes colonies, il faudra veillez a fournir grand nombre d’insectes, ce qui peut poser des problème logisitiques.
Sources et Crédits :
Publications myrmécologiques :
– Colombel, P. 1972. Recherches sur la biologie et l’éthologie d’Odontomachus hæmatodes L. (Hym. formicoidea, Poneridae) biologie des ouvrières. Ins. Soc 19, 171–193 (1972). https://doi.org/10.1007/BF02226625
– França, E. C. B.; Fernandes, I. O.; Lattke, J. E. 2024. Looking at upside-down ants: Taxonomic revision of the Neotropical species of Odontomachus Latreille, 1804 (Hymenoptera: Formicidae: Ponerinae). https://www.antcat.org/references/144395
– Linnaeus, C. 1758. Systema naturae per regna tria naturae, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis. Tomus I. Editio decima, reformata. Holmiae [= Stockholm]: L. Salvii, 824 pp. https://www.antcat.org/references/126902
Sites Internet :
- Antcat.org
- Antwiki.org
- Antmaps.org
- Antweb.org
- Inaturalist.org