Fiche d'élevage : Odontoponera denticulata

1) CLASSIFICATION ET SIGNIFICATION :

FAMILLE : Formicidae
SOUS-FAMILLE : Ponerinae
TRIBU : Ponerini
GENRE : Odontoponera
ESPÈCE : Odontoponera denticulata

TAXONOMISTE ET ANNÉE DE DESCRIPTION : Smith, 1858 (sous le nom de Ponera denticulata).
NOMS VERNACULAIRES : มดไอ้ชื่นดำ (Thaï), 齿唇齿猛蚁 (Chinois simplifié), 猛齒蟻, 橫紋齒針蟻,齒唇齒猛蟻 (Chinois traditionnel). Aucun nom vernaculaire français n’est répandu.
SYNONYMIE : Cette espèce fut longtemps considérée comme synonyme d’Odontoponera transversa, dont elle n’a été séparée qu’en 2009.
Le mâle a en outre d’abord été décrit séparément sous le nom de Ponera reticulata, avant de tomber en synonymie en 1932.

ÉTYMOLOGIE GENRE : Du grec ancien ὀδόντος, « dent », avec le nom du genre Ponera (venant lui-même de πονηρός, « méchant, misérable, laborieux »), soit « Ponera dentée », peut-être en référence au clypeus denticulé ou aux deux épines pronotales.
ÉTYMOLOGIE ESPÈCE : Du latin denticulatus, « denticulé ».

2) MORPHOLOGIE ET IDENTIFICATION :

TAILLE OUVRIÈRES : 8,5 à 11 mm

TAILLE GYNE : 10 à 12 mm

TAILLE MÂLES : 9 mm

MORPHISME : Monomorphe ; la taille des ouvrières d’une même colonie reste assez constante.

IDENTIFICATION : Le genre Odontoponera ne comporte que deux espèces décrites, O. transversa et O. denticulata. Afin de les distinguer, on notera que chez la première, le scape dépasse nettement l’occiput en arrière, là où ce n’est pas ou à peine le cas chez la seconde. On pourra y ajouter qu’O. transversa a souvent une coloration plus claire, étant généralement plus ou moins rougeâtre, là où O. denticulata est habituellement presque entièrement noire.

A noter qu’O. denticulata est la seule (ou presque) à être retrouvée dans les élevages européens, bien que de très nombreuses reines soient erronément vendues sous le nom d’« O. transversa ».

DESCRIPTION ET PARTICULARITÉS PHYSIQUES : Odontoponera denticulata est une Ponérine de taille moyenne et de coloration presque uniformément noire. De silhouette relativement trapue, l’espèce possède une grosse tête anguleuse armée de mandibules puissantes. La tête et le mesosoma sont sillonnés de profondes stries qui ne sont pas sans rappeler celles des Diacamma. Le pronotum porte deux épines caractéristiques du genre. Les reines sont semblables aux ouvrières, bien que pouvant classiquement en être distinguées par un mesosoma plus volumineux, trois ocelles peu saillants sur le front et une plus grande taille.

3) BIOLOGIE :

BIOTOPE : Odontoponera denticulata s’établit principalement dans des biotopes relativement ouverts tels que des forêts secondaires clairsemées. Elle pourra être retrouvée dans des milieux anthropisés comme des cultures agricoles ou des parcs urbains. Ces préférences contrastent avec celles de l’espèce voisine O. transversa, qui se retrouvera quant à elle presque exclusivement dans les zones sombres et humides des forêts en bon état.

NIDIFICATION : Les nids sont strictement terricoles. Leur entrée circulaire, souvent couronnée d’un petit monticule de terre, n’est souvent assez large que pour laisser passer une ouvrière à la fois.

Cette entrée donne sur une galerie verticale s’ouvrant sur de vastes salles horizontales superposées en une série d’« étages ». Ces chambres, de forme assez irrégulière, peuvent avoir un diamètre de plusieurs centimètres et une hauteur de 5 à 15 mm. La reine et le jeune couvain se trouvent plutôt dans les étages inférieurs, tandis que les cocons sont entreposés dans les étages supérieurs. Le nid peut s’enfoncer jusqu’à une soixantaine de centimètres de profondeur.

Cette espèce est polydome : chaque colonie peut ainsi occuper plusieurs nids. Ils ont la particularité d’être reliés entre eux par des galeries souterraines permettant à la colonie de se déplacer rapidement en cas de besoin, par exemple afin d’évacuer un nid attaqué.

DÉMOGRAPHIE : Les nids d’O. denticulata sont peu peuplés, ne dépassant guère une centaine d’ouvrières ; cependant, sa polydomie rend difficile l’estimation de la démographie des colonies complètes in natura.
En élevage, les colonies peuvent avoisiner un millier d’ouvrières.

PARTICULARITÉS COMPORTEMENTALES : Odontoponera denticulata fourrage généralement en solitaire, même si de petits recrutements peuvent parfois être constitués autour des sources de nourriture abondantes. Étant particulièrement peu adroite pour grimper dans la végétation, elle évolue principalement au sol. Les proies sont surtout maîtrisées grâce aux puissantes mandibules des ouvrières ; en effet, bien que possédant un redoutable aiguillon, elles ne s’en servent presque jamais pour chasser ou se défendre, et il serait ainsi avant tout réservé aux affrontements avec d’autres fourmis de taille similaire.

ALIMENTATION : Dans la nature, cette espèce se nourrit principalement de petits insectes qu’elle ramène au nid ; ne faisant pas de trophallaxie, tous les membres de la colonie, y compris les larves, se nourrissent directement sur ces proies. Occasionnellement, elle peut aussi se nourrir de fruits tombés au sol ou de toute autre substance sucrée. De manière globale, son régime alimentaire est bien plus opportuniste que celui de nombreuses autres Ponérines, et elle est ainsi même capable de chasser d’autres fourmis telles que les Dorylus.

ESSAIMAGE : O. denticulata est susceptible de voler toute l’année, mais surtout au début de la saison des pluies en fonction des régions.

Comme chez la vaste majorité des Ponérines, la stratégie de reproduction employée est probablement le female calling syndrome, c’est-à-dire que les gynes attirent les mâles grâce à leurs phéromones sans qu’un véritable essaim aérien ne soit formé.

GYNIE : Cette espèce semble monogyne.

FONDATION : Indépendante et semi-claustrale. Les gynes creusent une loge dans la terre et sortent régulièrement chasser pour nourrir leurs larves jusqu’à l’émergence des premières ouvrières.

CYCLE DE DÉVELOPPEMENT : Homodynamique ; les colonies se développent toute l’année, sans effectuer de véritable pause saisonnière.

4) RÉPARTITION :

Cette espèce est présente dans une large partie de l’Asie du Sud et du Sud-Est allant du Pakistan jusqu’aux Moluques, en atteignant le Sud de la Chine et Taïwan au Nord-Est. Elle est présente du niveau de la mer jusqu’à plus de 1 500 mètres d’altitude. O. denticulata est donc plus largement répartie au Nord que l’espèce voisine O. transversa, qui ne remonte quant à elle pas au-delà du Sud de la Thaïlande.

5) ÉLEVAGE :

TEMPÉRATURE DE MAINTIEN : 21 °C à 28 °C. Pour cette espèce à très large répartition, veillez à adapter la température d’élevage à la provenance des colonies, en effectuant des variations saisonnières si besoin.

HYGROMÉTRIE : Entre 60 % et 80 % de la surface du nid pourra être humidifiée. Veillez surtout à ce que l’humidité ne soit jamais excessive, auquel cas le couvain, et notamment les cocons, pourra très vite en pâtir. L’aire de chasse peut quant à elle aussi bien rester sèche qu’humide.

INSTALLATION : Elles pourront se contenter de nids en béton cellulaire, en plâtre ou en pierre reconstituée tapissés de substrat (qui sera indispensable au tissage des cocons). Une couche de substrat pourra également être présente dans l’aire de chasse afin de faciliter les déplacements de cette fourmi maladroite sur les surfaces lisses. De manière globale, les Odontoponera semblent bien mieux s’adapter aux nids artificiels que la plupart des autres Ponérines.

Il sera aussi possible d’élever les colonies en terrarium, auquel cas vous devrez prévoir une grande épaisseur de substrat argileux afin qu’elles puissent creuser à leur guise sans que les salles du nid ne risquent de s’effondrer.

Ces fourmis étant incapables de grimper aux parois verticales lisses, l’anti-évasion sera superflu.

ALIMENTATION EN ÉLEVAGE : Elles acceptent aussi bien les insectes fraîchement tués que les petites proies vivantes. En outre, il sera préférable de leur fournir occasionnellement de la nourriture sucrée (fruits, beetle jelly, pseudo-miellat…). Même si les fondations peuvent se montrer capricieuses, les colonies établies sont particulièrement opportunistes pour des Ponérines.

FOREUSE ? : Non.

FONDATION : Indépendante et semi-claustrale (en haplométrose ou en pléométrose) ; il faudra donc nourrir la ou les reines lors de la fondation. Le développement n’est pas très long pour une Ponérine, de l’ordre de deux mois et demi à trois mois de la ponte à l’ouvrière adulte. Concernant l’installation requise, un simple tube à essai avec substrat relié à une aire de chasse pourra faire l’affaire.
Lors de la fondation, les reines sont particulièrement promptes à consommer leur couvain en cas de stress, c’est pourquoi il sera nécessaire de les laisser dans le plus grand des calmes. Il vous faudra donc faire preuve de rigueur et de patience pour faire fonder cette espèce !

REPRODUCTION EN CAPTIVITÉ : Aucune réussite de reproduction en captivité n’est documentée chez les Odontoponera, même si certaines colonies semblent produire assez rapidement des sexués. Comme chez la majeure partie des Ponérines, il est probable que la stratégie de reproduction employée soit le female calling syndrome, et que l’accouplement puisse donc avoir lieu au sol.

Les paramètres exacts permettant de stimuler la production de sexués puis leur reproduction ne sont pas connus, mais il vous sera dans tous les cas nécessaire d’adopter plusieurs colonies si vous souhaitez vous y essayer.

DÉTAILS À AJOUTER : Les colonies établies sont particulièrement actives, et leur grand opportunisme, aussi bien en termes d’installation que d’alimentation, les rend dans une certaine mesure bien moins contraignantes que beaucoup d’autres Ponérines. Cependant, il vous faudra prendre en compte qu’elles peuvent devenir au bout de quelques années bien plus populeuses, et donc bien plus encombrantes, que la plupart des autres représentantes de la sous-famille.

En outre, même si les ouvrières ne piquent que rarement pour se défendre, il faudra toujours se méfier de leur aiguillon.

DIFFICULTÉ D’ÉLEVAGE : Moyenne. Tolérant une large gamme de conditions d’élevage et pouvant pardonner un certain nombre d’erreurs, cette espèce sera tout à fait adaptée si vous souhaitez débuter dans l’élevage de Ponérines. Elle reste néanmoins très sensible au stress et aux excès d’humidité, et son maintien demande donc une certaine rigueur, d’autant plus lors de la fondation.

Sources et Crédits :

Publications myrmécologiques :

Sites Internet :

  • Antcat.org
  • Antwiki.org
  • Antmaps.org
  • Antweb.org
  • Inaturalist.org
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