(⚠️Problèmes majeurs ⚠️)
Presque systématiquement pillée, et possédant un certain potentiel invasif.
1) CLASSIFICATION ET SIGNIFICATION :
FAMILLE : Formicidae
SOUS-FAMILLE : Myrmicinae
TRIBU : Attini
GENRE : Pheidole
ESPÈCE : Pheidole nodus
TAXONOMISTE ET ANNÉE DE DESCRIPTION : Smith, 1874.
NOMS VERNACULAIRES : Comme toutes les Pheidole, elle est surnommée en anglais « big-headed ant » (littéralement « fourmi à grosse tête »).
SYNONYMIE : Ce taxon est souvent orthographié à tort Pheidole noda, le nom d’espèce étant alors considéré comme une épithète devant s’accorder avec le nom du genre (féminin) ; en réalité, nodus est un nom utilisé par apposition, et ne s’accorde donc pas. Divers autres taxons, dont aucun n’est encore actuellement utilisé, sont tombés en synonymie avec Pheidole nodus.
ÉTYMOLOGIE GENRE : Du grec ancien φειδολός (pheidolos), « économe » ou « parcimonieux ».
ÉTYMOLOGIE ESPÈCE : Du latin nodus, “nœud”.
2) MORPHOLOGIE ET IDENTIFICATION :
TAILLE MINOR : 2 à 4 mm

TAILLE MAJORS : 4 à 5 mm

TAILLE GYNES : 7 mm

TAILLE MÂLES : 4 à 4,5 mm

MORPHISME : Polymorphisme discontinu ; il n’y a aucun intermédiaire entre les minors frêles et les majors à grosse tête.
IDENTIFICATION : Les majors de P. nodus se distinguent de la plupart des autres Pheidole asiatiques par un occiput très concave et un post-pétiole imposant ; elles sont séparées de leur cousine Pheidole tumida par l’absence de lobe sous le pétiole.
A noter qu’il est probable que les « Pheidole noda » ou « Pheidole nodus » importées sur le marché européen ne se rattachent en réalité pas toujours à cette espèce.
DESCRIPTION ET PARTICULARITÉS PHYSIQUES : Pheidole nodus est une fourmi de taille moyenne, quoiqu’assez grande pour le genre Pheidole. Les minors sont frêles, leurs appendices longs et fins, et leur corps peu sculpté ; les majors, bien plus massives, portent une tête cordiforme, striée et disproportionnément grosse dans laquelle sont logés les muscles leur permettant de se servir de leurs puissantes mandibules. Ces deux sous-castes d’ouvrières sont de coloration brune, variable en fonction des individus et notamment de leur âge. Leur pilosité est fine et éparse, et leur aiguillon n’est pas fonctionnel.
Les reines, d’une teinte allant du brun sombre au noir, sont bien plus grandes que les minors mais dépassent à peine les majors. Leur gastre est assez petit en comparaison de ce que l’on peut observer chez d’autres Pheidole ; elles ne sont que rarement physogastres.
Les mâles sont bien plus clairs, et leur silhouette est typique du genre Pheidole.
3) BIOLOGIE :
BIOTOPE : Cette espèce est très ubiquiste, et pourra aussi bien être retrouvée dans les milieux forestiers et dans les plaines que dans des milieux anthropisés tels que les parcs urbains. Elle peut être rencontrée du niveau de la mer jusqu’à plus de 1 200 mètres d’altitude.
NIDIFICATION : Cette espèce nidifie le plus souvent dans le sol ou sous des pierres, parfois dans le bois pourri ou même dans les interstices des habitations. Même si les données à ce sujet manquent, il est possible que les colonies soient polydomes.
DÉMOGRAPHIE : Chaque nid peut comporter jusqu’à 3 000 ouvrières. Cependant, la démographie réelle des colonies pourrait être plus importante si l’espèce s’avère être polydome.
PARTICULARITÉS COMPORTEMENTALES : Pheidole nodus est agressive et organise des recrutements très efficaces, ce qui lui permet de monopoliser de nombreuses ressources alimentaires et d’assurer une place dominante au sein de la myrmécofaune des milieux urbains d’Asie du Sud-Est. Le développement est rapide et le couvain très abondant afin de compenser la faible longévité des ouvrières par un renouvellement continu des effectifs. Au Sud du Japon, l’espèce est susceptible de fourrager même en plein hiver dès que les températures dépassent 7 °C.
ALIMENTATION : Cette espèce se nourrit principalement d’insectes, mais consommera également des aliments sucrés (nectars, fruits…) ou même occasionnellement des graines. Les plus jeunes majors servent de réserves de nourriture, et sont ainsi fréquemment physogastres.
ESSAIMAGE : Des sexués peuvent être observés durant une grande partie de la période de développement, au moins de mai à novembre. Il est possible qu’une partie des accouplements soient intra-nidaux.
GYNIE : Polygyne ; de multiples reines fécondées sont susceptibles de participer activement à la ponte dans chaque nid.
FONDATION : Inconnue. Aucun cas de fondation claustrale n’est documenté, et il est ainsi possible que cette espèce ne se dissémine que par bouturage.
CYCLE DE DÉVELOPPEMENT : Homodynamique ; les colonies se développent toute l’année si les conditions climatiques le permettent, et la baisse des températures n’est qu’un frein à leur activité.
4) RÉPARTITION :
Cette espèce est présente dans une grande partie de l’Asie du Sud Est, s’étalant de l’Inde jusqu’au Sud du Japon en passant par Java.
5) ÉLEVAGE :
TEMPÉRATURE DE MAINTIEN : 22 °C à 28 °C.
HYGROMÉTRIE : De 60 à 80 % de la surface du nid pourra être humidifiée.
INSTALLATION : Cette espèce se contentera de tout type de nid ; il faudra cependant veiller à ce qu’il soit blindé, et l’aire de chasse devra être protégée par un anti-évasion efficace comme le téflon, le talc ou le talcool pour éviter les évasions. Si votre installation n’est pas protégée, votre colonie risquera de s’évader, d’autant plus lorsqu’elle aura atteint une démographie importante.
Nous vous déconseillons en outre d’élever cette espèce en terrarium, où contenir l’espèce pourra devenir particulièrement difficile à terme.
DIAPAUSE : L’espèce étant homodynamique, la diapause est superflue, bien que l’on puisse effectuer une baisse saisonnière de température en fonction de la provenance de la colonie.
ALIMENTATION EN ÉLEVAGE : Elles sont très opportunistes, et se contentent de tout. Particulièrement friandes d’insectes qui devront être distribués en quantité, elles seront également nourries de substances sucrées (pseudo-miellats, beetle jelly, fruits…). Il est cependant conseillé de leur présenter les liquides sucrés imbibés dans du coton afin d’éviter les noyades.
FOREUSE ? : Oui ; les grandes colonies chercheront à creuser tout ce qu’elles pourront, c’est pourquoi les nids en béton cellulaire ou en plâtre devront être blindés.
FONDATION : Inconnue. Il semblerait que les colonies vendues sur le marché soient systématiquement issues de pillage.
REPRODUCTION EN CAPTIVITÉ : Il est possible que des accouplements intra-nidaux puissent avoir lieu, ce qui permettrait d’aisément reproduire cette espèce en captivité, même si cela nécessite encore d’être expérimenté. Pour débuter l’élevage, les colonies très polygynes seront à privilégier afin de maximiser la diversité génétique.
DIFFICULTÉ D’ÉLEVAGE : Facile. Les colonies, très robustes, grandissent rapidement et ne nécessitent pas de soin particulier ; même sans expérience, il est très simple de les faire prospérer. La vraie difficulté porte sur leur gestion sur le long terme : en effet, elles deviennent rapidement très populeuses, voraces et tentent de s’évader par tous les moyens, et elles pourront ainsi rapidement devenir difficiles à contenir.
Notes importantes :
Il est important de noter que cette espèce a un certain potentiel invasif, notamment en milieu urbain, compte tenu de sa présence en milieu tempéré et sa possible unicolonialité . Pour cette raison, il sera autant que possible conseillé de vous tourner vers d’autres espèces présentant moins de risques si vous ne pouvez pas vous assurer de l’étanchéité de l’installation.
Sources et Crédits :
Publications myrmécologiques :
– Dalla Torre, K. W. 1893. Catalogus Hymenopterorum hucusque descriptorum systematicus et synonymicus. Vol. 7. Formicidae (Heterogyna). Leipzig: W. Engelmann, 289 pp. ( https://www.antcat.org/references/124002 )
– Hosoishi, S.; Rahman, M.; Murakami, T.; Park, S.-H.; Kuboki, Y.; Ogata, K. 2019. Winter Activity of Ants in an Urban Area of Western Japan. Sociobiology, 66(3), 414– 419. (https://antwiki.org/wiki/images/3/31/Hosoishi%2C_S.%2C_Rahman%2C_M.M._et_al._2019._Winter_activity_of_ants_(10.13102%40sociobiology.v66i3.4374).pdf)
– Sarnat, E. M.; Fischer, G.; Guénard, B.; Economo, E. P. 2015. Introduced Pheidole of the world: taxonomy, biology and distribution. ZooKeys 543:1-109. (https://www.antcat.org/references/142853)
Sites Internet :
- Antcat.org
- Antwiki.org
- Antmaps.org
- Antweb.org
- Inaturalist.org