Fiche d'élevage : Polyrhachis armata

1) CLASSIFICATION ET SIGNIFICATION :

Famille : Formicidae
Sous-famille : Formicinae
Tribu : Camponotini
Genre : Polyrhachis
Sous-genre : Myrmhopla
Groupe d’espèces : Groupe armata
Espèce : Polyrhachis armata

Taxonomiste et année de description : Décrite à partir d’un spécimen de l’ïle Mindanao aux Philippines, par le chirurgien français Elie Jean François Le Gaillou en 1842, lors de l’expédition Dumont d’Urville. Elle était initialement nommée Formica armata.
Noms vernaculaires : Parfois appelée « armed spiny ant », soit en français « fourmi épineuse armée ».
Synonymes et anciens noms utilisés : On retrouve un synonyme non-utilisé, Polyrhachis pandarus, ainsi qu’une sous-espèce, Polyrhachis armata defensa.

Étymologie genre : Du grec ancien πολύς, « grand » ou « nombreux », et ῥαχός, « épine dorsale », en référence aux grandes épines présentes sur le mesosoma et le pétiole de nombreuses Polyrhachis.
Étymologie espèce : Féminin du participe passé latin armatus, qui signifie « armé » ou « fortifié ».

2) MORPHOLOGIE ET IDENTIFICATION :

TAILLE OUVRIÈRES : 8 à 12 mm (9.68 mm de moyenne)
TAILLE GYNE : 14 à 15 mm
TAILLE MÂLE : 8 mm

Morphisme : L’espèce est monomorphe, il n’existe qu’une seule sous-caste chez les ouvrières, cependant la taille des individus d’une même colonie peut être assez variable.

Identification : Polyrhachis armata pourra être distinguée des autres espèces du même groupe (dont la sculpture est plus superficielle) par la forte sculpture fovéolée-rugueuse sur sa tête, son mesosoma et son pétiole. 

Description et particularités physiques : Polyrhachis armata est une fourmi au corps élancé, dotée de pattes allongées et de couleur noire mate avec un gastre parfois brun foncé. Elle se distingue par la présence de longues épines saillantes sur le propodeum, le pronotum et le pétiole. Ses mandibules sont dotées de 5 dents. Elle ne présente pas de pubescence, mais on observe une sculpture forte sur sa tête ovale, son thorax et son pétiole. Polyrhachis armata possède de grands yeux.
Les individus sont dotés de longues et fines antennes très mobiles. On observe notamment dessus trois types de soies de Böhm (BBI, BBII, BBIII), ainsi que onze types de sensilles, qui sont impliquées dans la perception sensorielle.

On distingue les gynes par un thorax volumineux portant des cicatrices alaires. Les ocelles sont également bien visibles à l’œil nu.

3) BIOLOGIE :

Description du biotope : Polyrhachis armata fréquente les forêts tropicales primaires et secondaires d’Asie du Sud Est. Elle est cependant relativement ubiquiste car elle fréquente des milieux plus anthropisés comme les parcs ou les jardins, parfois même jusque dans des grandes métropoles comme Kuala Lumpur ou Singapour.

Nidification : Le nid est épigé, il se trouve dans la canopée et est fixé autour d’un support rigide comme le tronc d’un arbre ou une branche. En maintenant une larve entre leurs mandibules, les ouvrières vont utiliser la soie qu’elle produit (la même que celle utilisée pour le tissage du cocon) pour agglomérer de petits morceaux de matières organiques afin de construire un nid dans une matière végétale étanche parfois appelée « carton ». Les jeunes fondations semblent réaliser des nids plus sommaires, entre deux feuilles ou dans une anfractuosité. A noter que de nombreuses autres Polyrhachis sont polydomes, chaque colonie pouvant ainsi occuper de multiples nids ; bien que ce caractère ne soit pas spécifiquement documenté chez P. armata, il paraît probable compte tenu des observations de très petits nids contenant de nombreux sexués.

Une colonie adulte dans le Nord de la Thaïlande par Jean Jacques Godon

Une jeune fondation vietnamienne en pléométrose. Eugène Popov

Démographie : Inconnue. La possible polydomie de l’espèce complique son estimation, mais elle semble au moins atteindre quelques centaines d’ouvrières.

Particularités comportementales : En cas de stress, les ouvrières relèvent leur gastre vers l’avant, en se tenant sur les deux pattes arrières. Les ouvrières fourragent énormément, et explorent continuellement leur environnement.

Alimentation : Comme la majorité des Polyrhachis d’Asie, l’espèce fourrage dans les hauteurs à la recherche de liquides sucrés et d’insectes.

Essaimage : Période indéterminé ; sur iNaturalist, des gynes ailées sont observées presque chaque mois, ce qui empêche d’identifier clairement une période d’essaimage. Les vols nuptiaux sont massifs.

Gynie : Inconnue. En élevage, plusieurs pléométroses (parfois avec des gynes issues du même essaimage, avec jusqu’à 12 d’entre elles) ont finalement abouti à des monogynies. Cela laisse donc supposer que l’espèce serait probablement plutôt monogyne, bien que les données in natura soient absentes pour le confirmer ou non.

Fondation : Indépendante, et probablement semi-claustrale. Des pléométroses regroupant de nombreuses reines semblent parfois être observées.

Cycle de développement : Polyrhachis armata semble être homodynamique ; le développement se poursuivrait donc tout au long de l’année, sans qu’aucune véritable diapause ne soit effectuée.

4) RÉPARTITION :

Espèce très présente dans les milieux forestiers d’Asie du Sud-Est. Sur le continent, elle est présente du Bengal (Inde) jusqu’au Guangxi (Chine) ainsi que dans les pays du Mékong (Laos, Thaïlande, Myanmar, Cambodge, Vietnam), en Malaisie péninsulaire et à Singapour. On la retrouve également à Sumatra, Java, Sulawesi, Bornéo-Kalimatan, dans les îles de la Sonde, aux Philippines et à Hainan. 

5) ÉLEVAGE :

Température de maintien : De préférence entre 23 °C et 28 °C, bien que l’espèce supporte aisément des températures légèrement plus basses. Elle se montre cependant très thermophile et n’hésitera pas à construire des salles près du point chaud pour y entreposer ses cocons. Nous vous conseillons donc de créer un gradient thermique avec un point froid et un point chaud dans la cuve.

Hygrométrie : L’espèce étant strictement arboricole, elle sera moins sensible aux variations d’hygrométrie que la plupart des espèces du même biotope. Nous vous conseillons de créer un point humide et un point sec dans la cuve. Si vous utilisez des tubes à essais, proposez des tubes secs et des tubes avec réserve d’eau.

Installation : En captivité, on gardera Polyrhachis armata dans un terrarium tropical avec du substrat et des éléments permettant d’exploiter les hauteurs (plantes, branches, fond de cuve…). Certains éleveurs préfèreront regarder leur colonie tisser leur nid, tandis que d’autres proposeront des tubes qu’elles tapisseront de soie. Fait intéressant : elles peuvent être élevées avec des Nepenthes sp. (plantes carnivores du même biotope) sans risque.

Terrarium de fondation de One Ants, les tubes sont tapissés de soie.

Terrarium de AntPassionnant

Foreuse ? : Non.
Diapause : Pas de diapause, la température de son milieu est constante ou presque au cours de l’année. Cependant, les précipitations en Asie du Sud-Est varient énormément suivant l’évolution de la ZCIT, responsable des petites et grandes saisons sèches/humides. Une variation des pulvérisations dans le terrarium peut ainsi être envisagée. (Consultez cette étude pour de plus amples précisions).

Fondation : La fondation pourra s’effectuer de manière semi-claustrale, en nourrissant régulièrement les reines au cours de la fondation avec des liquides sucrés et des insectes fraîchement tués. La fondation se fera dans un petit terrarium avec substrat, où nous vous conseillons d’insérer deux tubes (un sec et un avec réserve d’eau). Les gynes fourragent énormément, principalement en journée.
A noter que les pléométroses semblent favoriser les réussites, bien que la fondation en haplométrose soit également possible.

Alimentation en élevage : En élevage, on nourrira les colonies avec divers aliments sucrés (jelly, pseudo-miellats, fruits…) et des insectes fraichement tués. Les colonies se montrent assez voraces.

Reproduction : Bien que le mode de reproduction de cette espèce ne soit pas documenté, il est probable que l’accouplement ait lieu en vol, par male aggregation, comme chez la très grande majorité des Camponotini, et sa reproduction en captivité paraît donc difficile voire inaccessible sans fécondation forcée ou insémination.

Détails à ajouter : Si vous manipulez cette fourmi, vous pourriez ressentir une douleur brève : en effet, bien qu’elle ne possède pas d’aiguillon, elle peut appuyer ses épines dorsales contre la peau.

Difficulté d’élevage : Intermédiaire. L’espèce se montre agressive et active. Elle grimpe rapidement sur des surfaces lisses et pourrait facilement s’échapper d’un terrarium. La phase de fondation concentre la majorité des échecs ; une fois les premières ouvrières émergées, le maintien devient relativement facile.

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