1) CLASSIFICATION ET SIGNIFICATION :
Famille : Formicidae
Sous-famille : Formicinae
Tribu : Camponotini
Genre : Polyrhachis
Sous-genre : Myrmhopla
Espèce : Polyrhachis dives
Taxonomiste et année de description : Décrite par l’entomologiste britannique Frederick Smith en 1857 à partir d’un spécimen trouvé à Singapour.
Noms vernaculaires : Elle est couramment appelée « fourmi tisserande », à ne pas confondre avec les Oecophylla spp. qui sont désignées par le même nom. Elle est également appelée « golden tailed ant » (littéralement « fourmi à queue dorée ») surtout par les populations anglophones d’Océanie qui englobent toutes les Polyrhachis dorées dans ce nom générique.
Synonymes et anciens noms utilisés : Polyrhachis democles, Polyrhachis exulens, Polyrhachis lucens, Polyrhachis mutiliae et Polyrhachis vicina sont cinq noms d’espèces ayant été mis en synonymie avec Polyrhachis dives. Il existe également deux sous-espèces : Polyrhachis dives belli et Polyrhachis dives rectispina.
Étymologie genre : Du grec ancien πολύς, « grand » ou « nombreux », et ῥαχός, « épine dorsale », en référence aux grandes épines présentes sur le mesosoma et le pétiole de nombreuses Polyrhachis.
Étymologie espèce : Du latin dives signifiant « riche » ou « opulent », faisant ainsi référence aux reflets dorés de cette espèce.
2) MORPHOLOGIE ET IDENTIFICATION :
TAILLE OUVRIÈRES : 5 à 7 mm

TAILLE GYNE : 8 à 10 mm

TAILLE MÂLE : 6 à 7 mm

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Morphisme : Cette espèce est monomorphe, mais on peut observer une légère différence de taille entre les différentes générations. L’espèce présente par ailleurs un certain gyno-polymorphisme, avec un dimorphisme net entre des microgynes à peine plus grandes que les ouvrières et des macrogynes sensiblement plus massives. Ces deux sous-castes de gynes peuvent s’observer au sein d’une même colonie.

Identification : Polyrhachis dives est assez bien définie morphologiquement, et il sera habituellement aisé de la distinguer des autres espèces du genre, bien que des confusions soient possibles dans certaines zones de sa large aire de répartition. De manière générale, son corps intégralement couvert d’une dense pilosité argentée suffira pour la différencier des autres Polyrhachis du groupe dives. Deux sous-espèces, P. dives belli et P. dives rectispina, sont décrites en plus de la sous-espèce nominale, bien que leur statut soit douteux.
Description et particularités physiques : Polyrhachis dives est une fourmi dorée et arboricole de taille moyenne. Elle est plutôt trapue et possède un gastre volumineux. Son mesosoma est développé et porte des épines aux extrémités (une paire sur le pronotum, une autre sur le propodeum et une dernière sur le pétiole). Ces épines très robustes lui permettent de ne pas se faire manger par des reptiles qui pourraient la considérer comme un repas. Elle possède des reflets couleur argentés ou dorés dus à la dense pilosité présente sur tout son corps, en particulier au niveau du gastre.
Les macrogynes diffèrent des ouvrières par leur plus grande taille et surtout leur mesosoma bien plus volumineux. Les microgynes présentent une morphologie plus ou moins intermédiaire entre ouvrières et macrogynes, et ne sont pas toujours simples à reconnaître au premier coup d’œil. Ces deux sous-castes de reines possèdent un gastre relativement petit, et les physogastries ne sont que rarement observées.
3) BIOLOGIE :
Description du biotope : Forêts tropicales asiatiques diverses (bambou, zone très humide, parfois mangrove ou canopée). C’est une espèce très commune qui niche également en zone semi-urbaine voire dans les parcs et jardins des zones urbaines. Elle est présente jusqu’à 2 100 mètres d’altitude.
Nidification : Les nids se situent dans les arbres et branchages et sont fabriqués de « carton », un matériau qu’elles fabriquent en agglomérant des morceaux de bois et autres débris végétaux à l’aide de la soie des larves. Cette espèce est unicoloniale : les colonies, très polydomes, peuvent se répartir dans de nombreux nids disséminés dans la végétation.

Démographie : Les super-colonies de Polyrhachis dives sont susceptibles de compter un très grand nombre d’ouvrières et de reines, bien qu’il soit difficile d’estimer leur démographie exacte. Chaque nid comporte quelques centaines à plusieurs dizaines de milliers d’individus, parmi lesquels on compte quelques reines à plusieurs centaines.
Particularités comportementales : Cette fourmi a la particularité d’utiliser la soie de ses larves afin de tisser ses nids. Les ouvrières font usage des larves juste avant leur nymphose, et donc juste avant qu’elles tissent leur cocon. Ainsi, les ouvrières nouent entre eux des morceaux de feuilles mortes, des brindilles, des copeaux de bois, etc., avec la soie des larves, et les nids ressemblent donc à des boules de « carton ».
Cette espèce est très agressive, et attaque tout ce qui bouge.
Alimentation : Cette espèce se nourrit principalement d’insectes en tout genre et de liquides sucrés, fruits, ou tout autre aliment sucré. Elles sont voraces et opportunistes.

Essaimage : Les accouplements sont le plus souvent intra-nidaux, généralement entre deux sexués issus du même nid, mais peut-être parfois également avec un mâle venu d’une colonie voisine. Afin d’assurer la dissémination de l’espèce, les macrogynes pourraient également s’envoler hors du nid.
Gynie : Cette espèce est fortement polygyne.
Fondation : La fondation serait indépendante et claustrale ; la gyne élève seule sa première génération d’ouvrières en puisant sur ses réserves.
Bien plus souvent, la fondation s’effectue de manière dépendante, par bouturage.
Cycle de développement : En tant qu’espèce tropicale, Polyrhachis dives est homodynamique ; elle ne fait donc pas de diapause, et se développe tout au long de l’année.
4) RÉPARTITION :
On retrouve les Polyrhachis dives en Asie du Sud-Est et au nord de l’Australie.
5) ÉLEVAGE :
Température de maintien : Entre 24 °C et 30 °C.
Hygrométrie : L’hygrométrie dans le nid doit être faible ; dans une grande cuve, une fois le nid tissé, les ouvrières parviendront à la gérer elles-mêmes. En revanche, dans l’aire de chasse, elle doit être élevée, de l’ordre d’environ 60 % à 80 %.
Installation : Pour la fondation, un tube avec réserve d’eau laissé dans le plus grand calme sera idéal. Il est conseillé d’y ajouter un peu de substrat afin que la ou les gynes puissent adapter leur loge. Ensuite, on placera la colonie dans un terrarium tropical planté avec du substrat, des feuilles mortes et des branchages, très importants car ce seront les supports du nid.

Foreuse ? : Oui, même si cette espèce ne saura s’adapter à des nids classiques étant donné qu’elle fabrique ses nids elle-même.
Diapause : Aucune diapause obligatoire pour cette espèce, elle se développe toute l’année. Cependant, une pause hivernale est envisageable en fonction du climat de la localité d’origine de votre colonie.

Polyrhachis dives consommant le fruit d’une Passiflora caerulea. PtiNoob (discord Antariums)
Alimentation en élevage : En élevage, on nourrit cette espèce avec des insectes comme des mouches, vers de farine ou blattes, mais également des liquides sucrés (pseudo-miellats, beetle jelly, jus de fruits, fruits entiers, etc,), qu’elles ne négligeront pas même si les protéines seront privilégiées.
Reproduction en captivité : Tant que plusieurs lignées de reines restent présentes au sein du nid, des accouplements intra-nidaux pourront s’observer à l’apparition des sexués, et il sera alors possible d’isoler les gynes nouvellement fécondées avec des ouvrières afin d’obtenir des boutures nées en captivité. Pour cette raison, Polyrhachis dives est une excellente candidate pour les tentatives de reproduction captive. Les colonies proposées à la vente étant encore trop souvent issues de pillage, il serait d’autant préférable que cette méthode plus éthique puisse se généraliser.
Détails à ajouter : Afin de permettre à cette espèce de fabriquer ses nids, il faudra lui procurer des copeaux de bois ou des feuilles broyées. Les ouvrières les lieront entre eux avec la soie des larves afin de créer le nid.
Il convient de noter que les colonies peuvent atteindre des démographies très élevées, et auront même le potentiel de croître à l’infini, de nouvelles reines se reproduisant régulièrement dans le nid. Seuls des bouturages réguliers vous permettront de limiter leur démographie.
Difficulté d’élevage : Moyenne. Polyrhachis dives est une espèce plutôt fragile et exigeante. Elle résiste mal aux changements brutaux des conditions de maintien ou aux livraisons. Elle est donc plutôt difficile à stabiliser, mais, si on l’élève dans les bonnes conditions, la colonie repartira toujours du bon pied même après de grandes pertes démographiques. La véritable difficulté de l’élevage portera surtout sur le maintien de la colonie sur le long terme, qui peut vite se révéler gourmande en nourriture comme en place.
Sources et Crédits :
Publications myrmécologiques :
– Dalla Torre, K. W. (1893). Catalogus Hymenopterorum hucusque descriptorum systematicus et synonymicus. Vol. 7. Formicidae (Heterogyna). Leipzig: W. Engelmann, 289 pp. (https://www.antcat.org/references/124002)
– Tsz Long Wong & Benoit Guénard (2021). Review of ants from the genus Polyrhachis Smith (Hymenoptera: Formicidae: Formicinae) in Hong Kong and Macau, with notes on their natural history. Asian Myrmecology 13: e013001 (1-70). DOI:10.20362/am.013001
Sites Internet :
- Antcat.org
- Antwiki.org
- Antmaps.org
- Antweb.org
- Inaturalist.org
- Wiktionnaire (https://fr.wiktionary.org/wiki/Wiktionnaire:Page_d%E2%80%99accueil)