Fiche d'élevage : Polyrhachis illaudata

1) CLASSIFICATION ET SIGNIFICATION :

Famille : Formicidae
Sous-famille : Formicinae
Tribu : Camponotini
Genre :  Polyrhachis
Sous-genre : Myrma
Espèce : Polyrhachis illaudata

Taxonomiste et année de description : Espèce décrite par l’entomologiste et passionné des sciences anglais Francis Walker en 1859 durant son voyage en Indonésie.
Noms vernaculaires : Parfois nommée par les anglophones « golden tailed ant », littéralement « fourmi à queue dorée ».
Synonymes et anciens noms utilisés : Polyrhachis duodentata, Polyrhachis latispinosa et Polyrhachis mayri sont trois synonymes de l’espèce. Aucun n’est encore couramment utilisé.
Trois sous-espèces sont également décrites : Polyrhachis illaudata intermedia, Polyrhachis illaudata pauperata et Polyrhachis illaudata proximomayri.

Étymologie genre : Du grec ancien πολύς, « grand » ou « nombreux », et ῥαχός, « épine dorsale », en référence aux grandes épines présentes sur le mesosoma et le pétiole de nombreuses Polyrhachis.
Étymologie espèce : Du latin illaudatus, « loué ».

2) MORPHOLOGIE ET IDENTIFICATION :

TAILLE OUVRIÈRES : 8,57 à 10,61 mm
TAILLE GYNE : 12,13 à 12,30 mm
TAILLE MÂLE : Non décrit ?

Morphisme : Monomorphe ; la taille des ouvrières d’une même colonie reste relativement constante.

Identification : Polyrhachis illaudata est susceptible d’être confondue avec une multitude d’espèces similaires ; pour cette espèce dont l’aire de répartition est très large, l’identification est à réaliser au cas par cas en fonction des localités.

Description et particularités physiques : Polyrhachis illaudata est une fourmi de grande taille dont le corps est recouvert d’une pilosité dorée. Son mesosoma large lui confère une allure trapue et imposante. Comme beaucoup d’autres Polyrhachis, elle possède des épines sur le mesosoma et le pétiole.
Les reines pourront classiquement être distinguée des ouvrières par leur mesosoma plus volumineux portant des cicatrices alaires, ainsi que par les trois ocelles présents sur leur front.

3) BIOLOGIE :

Description du biotope :  Cette espèce pourra être retrouvée dans divers biotopes forestiers, notamment dans les forêts tropicales secondaires matures ou plus occasionnellement dans les forêts primaires. Bien qu’elle y soit plus rare, elle peut également être retrouvée dans des forêts perturbées ou des plantations abandonnées.

Elle peut atteindre 940 mètres d’altitude, mais est surtout présente en plaine sous 270 mètres d’altitude.

Nidification : Cette espèce opportuniste nidifie dans des cavités préexistantes en toutes sortes. Ses nids pourront ainsi être terricoles (pouvant alors être localisés dans des nids abandonnés d’autres fourmis telles que des Diacamma), logés dans le bois mort, les creux des arbres en place, sous les écorces ou dans les plantes épiphytes. Contrairement à d’autres Polyrhachis, elle n’utilise pas de soie pour aménager son nid. Les colonies sont polydomes, et chacune peut ainsi occuper de multiples nids.

Démographie : Chaque nid est susceptible de comporter jusqu’à quelques centaines d’ouvrières. Compte tenu de la polydomie de l’espèce, les colonies complètes sont cependant bien plus populeuses.

Particularités comportementales : Cette fourmi fourrage principalement (mais pas exclusivement) de jour, au sol et dans la végétation. Des recrutements peuvent être mobilisés sur les sources de nourriture abondantes : soit l’éclaireuse guide directement une à trois ouvrières, soit, plus rarement, elle dépose une piste phéromonale que les autres ouvrières suivent seules. Peu agressive, elle évite la compétition avec les autres fourmis.

Alimentation : Polyrhachis illaudata se nourrit de substances sucrées, telles que du miellat tombé sur les feuilles, du nectar ou des fruits ; elle ne semble cependant pas élever activement de puceron ou autre trophobionte. Elle consomme également des cadavres d’insectes, mais ne semble pas chasser. Enfin, elle s’attable en outre sur les excréments et l’urine de vertébrés.

Essaimage : Les essaimages sont susceptibles d’avoir lieu durant une grande partie de l’année en fonction des régions, mais se dérouleront surtout durant les saisons chaudes et pluvieuses. Ainsi, dans le Sud de la Chine, ils semblent surtout avoir lieu de juillet à novembre.

Gynie : Monogyne.

Fondation : Indépendante. Elle semble s’effectuer de manière semi-claustrale (les gynes seules cherchant en captivité à fourrager régulièrement pour se nourrir), mais des observations in natura seraient nécessaires pour le vérifier.

Cycle de développement : Polyrhachis illaudata semble être homodynamique ; le développement est ainsi susceptible de se poursuivre tout au long de l’année, sans qu’aucune véritable diapause ne soit effectuée.

4) RÉPARTITION :

Cette espèce est présente dans une grande partie de l’Asie subtropicale et tropicale, du Sri Lanka jusqu’aux îles Raja Ampat en passant par une large partie de la Chine.

5) ÉLEVAGE :

Température de maintien : Entre 21 °C et 28 °C. Veillez à adapter la température de maintien, ainsi que ses éventuelles variations saisonnières, au climat de la localité d’origine de votre colonie.

Hygrométrie :  Environ 70 % d’humidité ambiante dans l’installation. A l’intérieur du nid, un gradient pourra être effectué entre une zone sèche et une zone humide.

Installation : Les tubes et les nids conventionnels pourront convenir à cette espèce. L’aire de chasse pourra être tapissée de substrat forestier humide afin que l’hygrométrie ambiante reste haute, auquel cas il sera préférable d’y introduire une microfaune abondante (notamment des collemboles) afin de nettoyer les déchets de la colonie en évitant moisissures et acariens. Cette espèce étant polydome, il sera tout à fait possible de fournir aux grandes colonies plusieurs nids en y faisant varier température et humidité.

Compte tenu de sa capacité à s’épanouir dans les installations humides et sa tendance à s’installer dans des anfractuosités préexistantes sans beaucoup creuser, il sera envisageable d’élever cette espèce dans un terrarium planté. Cependant, les colonies pouvant devenir populeuses, cette option pourra se révéler encombrante à terme.

Cette espèce étant une excellente grimpeuse, il sera préférable de fermer l’installation d’un couvercle (qui permettra en outre de garder l’humidité) en plus d’appliquer une barrière anti-évasion.

Foreuse ? : Non ?

Diapause : Aucune véritable diapause ne sera à réaliser. Cependant, un repos ovarien à température ambiante pourra être à effectuer durant quelques mois en fonction du climat de la localité d’origine de votre colonie.

Fondation : Il sera possible d’installer la reine dans un tube à essai placé dans une aire de chasse fermée, où vous pourrez ajouter du substrat humide et des collemboles. Durant toute la fondation, l’installation devra être maintenue dans le plus grand des calmes. L’espèce paraissant semi-claustrale, il sera nécessaire de placer de la nourriture dans l’aire de chasse tous les quelques jours durant la fondation, à la fois avec des aliments sucrés et protéinés (surtout après l’éclosion des larves). Les premières ouvrières émergeront environ un mois et demi à deux mois après la ponte.

Alimentation en élevage :  Cette espèce pourra être nourrie d’aliments sucrés (divers pseudo-miellats, fruits…) et d’insectes fraîchement tués.

De la même manière que certaines Camponotus, compte tenu de leur régulière consommation d’excréments et d’urine de vertébrés in natura, il pourrait être bénéfique de fournir à votre colonie de l’urée fortement diluée dans de l’eau ; cela reste cependant à expérimenter.

Reproduction : Bien que le mode de reproduction de cette espèce ne soit pas documenté, il est probable que l’accouplement ait lieu en vol comme chez la très grande majorité des Camponotini, et sa reproduction en captivité paraît donc inaccessible sans fécondation forcée ou insémination.

Détails à ajouter : Les colonies captives semblent pouvoir dépasser plusieurs milliers d’ouvrières, et pourront donc se montrer encombrantes à terme.

Si vous vous intéressez à cette espèce, n’hésitez pas à vous renseigner également sur Polyrhachis dives, une fourmi superficiellement similaire qui montrera, contrairement à P. illaudata, le grand avantage de pouvoir être aisément reproduite en captivité (puisque se livrant à de très fréquents accouplements intra-nidaux), et qui aura en outre la particularité de tisser ses nids avec la soie de ses larves.

Difficulté d’élevage : Assez facile ?

Sources et Crédits :

Publications myrmécologiques :

  • Dalla Torre, K. W. 1893. Catalogus Hymenopterorum hucusque descriptorum systematicus et synonymicus. Vol. 7. Formicidae (Heterogyna). Leipzig: W. Engelmann, 289 pp. (https://www.antcat.org/references/124002)
  • Liefke, C.; Dorow,, W.; Hölldobler, B.; Maschwitz, U. 1998. Nesting and food resources of syntopic species of the ant genus Polyrhachis (Hymenoptera, Formicidae) in West-Malaysia. Insectes Sociaux. 45. 411-425. 10.1007/s000400050098. (https://www.researchgate.net/publication/225779052_Nesting_and_food_resources_of_syntopic_species_of_the_ant_genus_Polyrhachis_Hymenoptera_Formicidae_in_West-Malaysia)
  • Mohammad, A. S. 2023. On the nesting behaviour of Polyrhachis illaudata Walker, 1859 (Hymenoptera: Formicidae). Entomologist’s Monthly Magazine. 159. 33-36. 10.31184/M00138908.1591.4164. (https://antwiki.org/wiki/images/9/95/Shakur%2C_M.A._2023._On_the_nesting_behaviour_of_Polyrhachis_illaudata_%2810.31184%40M00138908.1591.4164%29.pdf)
  • Liefke, C.; Hölldobler, B.; Maschwitz, U. 2001. Recruitment Behavior in the Ant Genus Polyrhachis (Hymenoptera, Formicidae). Journal of Insect Behavior. 14. 637-657. 10.1023/A:1012227318159. (https://www.researchgate.net/publication/225268647_Recruitment_Behavior_in_the_Ant_Genus_Polyrhachis_Hymenoptera_Formicidae)
  • Robson, S.; Kohout, R. 2007. A review of the nesting habits and socioecology of the ant genus Polyrhachis Fr. Smith. ASIAN MYRMECOLOGY Volume 1, 81 – 99, 2007 (https://researchonline.jcu.edu.au/2602/1/2602_Robson_2007.pdf)
  • Wang, W. Y.; Soh, E. J. Y.; Yong, G. W. J.; Wong, M. K. L.; Guénard, B.; Economo, E. P.; Yamane, S. 2022. Remarkable diversity in a little red dot: a comprehensive checklist of known ant species in Singapore (Hymenoptera: Formicidae) with notes on ecology and taxonomy. Asian Myrmecology 15: e015006:1-152. 10.20362/am.015006 (https://www.antcat.org/references/144032)
  • Wong, T.L.; Guénard, B. 2020. Review of ants from the genus Polyrhachis Smith (Hymenoptera: Formicidae: Formicinae) in Hong Kong and Macau, with notes on their natural history. Asian Myrmecology 13: e013001:1-70. 10.20362/am.013001 (https://www.antcat.org/references/143826)

Sites Internet :

  • Antcat.org
  • Antwiki.org
  • Antmaps.org
  • Antweb.org
  • Inaturalist.org
  • https://goong.com/fr/latin/illaudatus_latin_fran%C3%A7ais_signification/ 
  • https://www.youtube.com/watch?v=PNxMGPdNfq4
Copyright Antariums v5® 06/2025
Retour en haut