Fiche d'élevage : Tapinoma erraticum

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Photographie couverture de la page Europe, recadrée pour une meilleure intégration.
1) CLASSIFICATION ET SIGNIFICATION :
Famille : Formicidae
Sous-famille : Dolichoderinae
Tribu : Tapinomini
Genre : Tapinoma
Espèce : Tapinoma erraticum
Taxonomiste et année de description : Latreille, 1798 (sous le nom de Formica erratica).
Noms vernaculaires : Erratic ant (anglais), fourmi erratique, tapinome.
Synonymes et anciens noms utilisés : Aucun synonyme n’est actuellement encore couramment utilisé.
Étymologie genre : Du grec ancien ταπείνωμα (tapeinôma), « bas, abaissé », en référence à l’écaille du pétiole couchée.
Étymologie espèce : Du latin erraticus, « vagabond ».
2) MORPHOLOGIE ET IDENTIFICATION :
TAILLE OUVRIÈRES : 2,0 à 3,5 mm

TAILLE GYNE : 4,0 à 5,5 mm

TAILLE MÂLE : 4 mm

Morphisme : Monomorphe ; contrairement à ce que l’on peut observer chez d’autres espèces du genre (notamment celles du complexe nigerrimum), la taille des ouvrières d’une même colonie reste assez constante.
Identification : Tapinoma erraticum est morphologiquement proche des autres Tapinoma européennes, dont il est difficile de la distinguer sans observation sous loupe binoculaire. Pour une identification rigoureuse basée sur la morphométrie des Tapinoma paléarctiques, vous pouvez vous référer à Seifert, 2024 (https://www.antcat.org/references/144322).
Description et particularités physiques : Tapinoma erraticum est une petite fourmi de couleur noire, présentant l’apparence classique d’une Dolichoderinae avec un corps assez élancé ; cette dernière caractéristique permet de la séparer facilement des Lasius noires sur le terrain, avec lesquelles elle est souvent confondue, outre sa taille sensiblement plus faible et sa teinte noire plus franche et brillante. Les gynes sont là encore relativement petites, bien que distinctement plus robustes que les ouvrières. Les mâles ont une grosse tête portant de longs scapes, de petits yeux et des mandibules bien développées, ce qui peut leur donner un faux air de gyne.
3) BIOLOGIE :
Description du biotope : Tapinoma erraticum peut se retrouver dans divers biotopes ; plutôt thermophile, elle aura néanmoins une préférence pour les milieux caillouteux bien exposés au soleil, surtout lorsqu’ils sont calcaires et pentus.

Nidification : Le nid, rudimentaire, est généralement terricole, souvent partiellement creusé sous des pierres. Les entrées sont plutôt discrètes. Les colonies sont le plus souvent monodomes.

Démographie : Les colonies de Tapinoma erraticum sont relativement peu populeuses pour le genre, comptant généralement moins de 1 500 ouvrières mais pouvant parfois dépasser les 2 500.
Particularités comportementales : Bien moins territoriale que d’autres Tapinoma, elle demeure cependant assez agressive et dominante sur son biotope. Les sources de nourriture sont efficacement exploitées, et les recrutements peuvent être importants. Cette espèce se distingue par une certaine tendance « nomade », et les déménagements d’un nid à l’autre peuvent être très fréquents. Même si les ouvrières sont de petite taille, elles se repèrent rapidement à leur allure vive et nerveuse. Elles n’hésitent pas à sortir occasionnellement le couvain du nid, afin de l’exposer à la chaleur directe du soleil et ainsi accélérer son développement. Par ces multiples traits de caractère, bien que de petite taille, Tapinoma erraticum ne passe généralement pas inaperçue quand elle est présente. Lorsque les ouvrières sont dérangées ou écrasées, elles dégagent une odeur caractéristique de « beurre rance ».
Alimentation : Les Tapinoma sont assez opportunistes, et s’attableront sur n’importe quel cadavre d’arthropode ou substance sucrée. Il n’est pas rare de les voir profiter du miellat de pucerons.
Essaimage : Les sexués se développent parmi la génération de larves passant la diapause. Les essaimages, discrets et jamais massifs, ont le plus souvent lieu en soirée, de mai à juillet. L’accouplement peut également très souvent être intra-nidal. Il est habituellement monandre, mais parfois légèrement polyandre.
Gynie : Polygyne. On rencontre à la fois des colonies monogynes et d’autres comportant plusieurs reines, rarement jusqu’à plus d’une dizaine.
Fondation : Indépendante et claustrale. Après l’essaimage, les gynes creusent une loge dans la terre et ne se nourrissent plus jusqu’à l’arrivée des premières ouvrières. Plusieurs reines peuvent se réunir pour fonder en pléométrose.
Cycle de développement : Exogène-hétérodynamique ; le ralentissement du développement de la colonie en vue de la diapause est notamment provoqué par la baisse des températures extérieures.

4) RÉPARTITION :
Tapinoma erraticum est largement répartie en Europe, et déborde même sur l’Ouest de l’Asie. En France, elle est présente partout, au Nord comme au Sud y compris en Corse, et en montagne jusqu’à 2 000 mètres d’altitude. Il s’agit de l’espèce la plus commune du genre, même si elle aura tendance à se voir remplacée par d’autres espèces comme Tapinoma nigerrimum au Sud.
5) ÉLEVAGE :
Température de maintien : 22 °C à 28 °C.
Hygrométrie : De 20 à 60 % de la surface du nid pourra être humidifiée.
Installation : Après une fondation en tube à essai, cette fourmi tolérante se contente de n’importe quel type d’installation classique.
Cette espèce à tendance « nomade » sera susceptible de déménager fréquemment si plusieurs nids ou tubes sont mis à sa disposition.
Cette petite espèce s’échappe très facilement, c’est pourquoi la barrière anti-évasion se doit d’être particulièrement efficace.

Turtlemax
Foreuse ? : Non.
Diapause : Comme pour la grande majorité des espèces européennes, la diapause est obligatoire. Elle doit durer entre 3 et 4 mois (généralement de novembre à mars), à une température comprise entre 1 °C et 10 °C ; n’hésitez pas à adapter la durée et la température de diapause à la provenance de la colonie.
Fondation : Indépendante et claustrale ; les gynes n’auront donc pas besoin de se nourrir avant l’arrivée des premières ouvrières. N’hésitez pas à réunir plusieurs reines en pléométrose afin de faciliter la fondation.

Turtlemax
Alimentation en élevage : Peu difficiles sur la nourriture, elles se contenteront de diverses substances sucrées (pseudo-miellats, Beetle jelly, fruits…) complémentées d’insectes fraîchement tués.
Reproduction en captivité : Puisque des sexués originaires de la même colonie sont susceptibles de s’accoupler à l’intérieur du nid, cette espèce est une très bonne candidate pour les tentatives de reproduction en captivité, même si cela reste en grande partie à expérimenter.
Une fois que la colonie sera suffisamment développée (comportant de préférence au moins 500 à 1 000 ouvrières), il sera probablement préférable d’isoler juste après la sortie de diapause des boutures comportant au moins quelques dizaines d’ouvrières et de nombreuses larves. Parmi elles, des sexués seront susceptibles de se développer et de s’accoupler vers la fin du printemps ou le début de l’été.
Attention : cette espèce n’est pas immunisée à la production de mâles diploïdes. Ces mâles, qui peuvent être produits à la place d’ouvrières en cas de consanguinité excessive, sont chez Tapinoma erraticum viables et fertiles, mais leur descendance (triploïde) est stérile. De ce fait, il est préférable de commencer l’élevage avec une colonie fortement polygyne afin de s’assurer que le brassage génétique reste suffisant au fil des générations.
Détails à ajouter : Cette espèce, très active, au développement rapide et possédant l’avantage de la polygynie, est étonnamment peu courante en élevage bien qu’elle soit assez commune in natura. C’est une très bonne alternative aux Lasius souvent conseillées aux débutants, auxquelles elle est régulièrement comparée pour sa vague ressemblance morphologique.
Les reines semblent avoir une très courte longévité, qui pourra être compensée par la facilité apparente de la reproduction en captivité.
Difficulté d’élevage : Très facile. Cette espèce, assez robuste, ne nécessite pas de soin particulier et s’adapte à une large gamme de conditions d’élevage.
Sources et Crédits :
Publications myrmécologiques :
- Bernard, F. 1967a. Faune de l’Europe et du Bassin Méditerranéen. 3. Les fourmis
(Hymenoptera Formicidae) d’Europe occidentale et septentrionale. Paris: Masson,
411 pp. https://www.antcat.org/references/122660 - Cournault, L.; Aron S. 2009. Diploid males, diploid sperm production, and triploid
females in the ant Tapinoma erraticum. Naturwissenschaften 96: 1393–1400 https://link.springer.com/article/10.1007/s00114-009-0590-1 - De Pletincx, N.L.; Aron, S. 2022. Sociogenetic structure, reproductive strategies and
queen replacement in the erratic ant (Tapinoma erraticum). Biological Journal of the
Linnean Society, 136/2, 354–363 https://academic.oup.com/biolinnean/article/136/2/354/6564508 - Meudec, M. 1973. Cycle Biologique de Tapinoma Erraticum [Formicidae
Dolichoderinae] https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/21686351.1973.12278142 - Seifert, B.; Kaufmann, B.; Fraysse, L. 2024. A taxonomic revision of the Palaearctic
species of the ant genus Tapinoma Mayr 1861 (Hymenoptera: Formicidae). Zootaxa
5435 (1):1-74. https://www.antcat.org/references/144322
Sites Internet :
- Antcat.org
- Antwiki.org
- Antmaps.org
- Antweb.org
- AntArea.fr
- Inaturalist.org
- Wiktionnaire (https://fr.wiktionary.org/wiki/Wiktionnaire:Page_d%E2%80%99accueil)