1) CLASSIFICATION ET SIGNIFICATION :
Famille : Formicidae
Sous-famille : Myrmicinae
Tribu : Crematogastrini
Genre : Temnothorax
Espèce : Temnothorax nylanderi
Taxonomiste et année de description : Foerster, 1850 (sous le nom de Myrmica nylanderi).
Noms vernaculaires : Aucun. Les Temnothorax dans leur ensemble sont surnommées en anglais acorn ants (« fourmis des glands »).
Synonymes et anciens noms utilisés : Temnothorax nylanderi est synonyme de plusieurs autres taxons, mais aucun d’entre eux n’est encore couramment utilisé.
Étymologie genre : Du grec ancien τέμνω (témnô), « couper », et θώραξ (thốrax), « thorax », soit « thorax coupé », peut-être en référence à la forte impression sur le mesosoma de l’espèce type du genre (Temnothorax recedens).
Étymologie espèce : En référence à l’entomologiste Wilhelm Nylander.
2) MORPHOLOGIE ET IDENTIFICATION :
TAILLE OUVRIÈRES : 2,5 à 3 mm

TAILLE GYNE : 4 à 4,5 mm

TAILLE MÂLE : 3 mm

Mâle Temnothorax sp. par Triturus
Morphisme : Monomorphe ; la taille des ouvrières d’une même colonie reste assez constante.
Identification : Temnothorax nylanderi peut être distinguée de la plupart des autres Temnothorax françaises communes et superficiellement similaires par la combinaison entre sillon feint entre le promésonotum et le propodeum et massue antennaire non rembrunie. Son identification rigoureuse passe cependant de préférence par la morphométrie : voir Csősz et al., 2015 (https://www.antcat.org/references/142982)
Description et particularités physiques : Temnothorax nylanderi est une petite fourmi de silhouette assez svelte et de coloration brun orangé, avec une tête souvent rembrunie et une bande noire sur le gastre.
Les reines, bien plus massives que les ouvrières, présentent une coloration similaire. Les mâles sont quant à eux uniformément brun sombre.
Rarement, des intercastes (individus à la morphologie intermédiaire entre ouvrière et reine) peuvent être observées.

Intercaste de Temnothorax nylanderi – Claviger
Temnothorax by tunosemi on Sketchfab
3) BIOLOGIE :
Description du biotope : Cette espèce peut avant tout être rencontrée dans les biotopes forestiers, mais peut aussi être retrouvée dans des milieux anthropisés tels que les parcs urbains tant qu’ils offrent la fraîcheur et l’humidité qui lui sont nécessaires. Il s’agit d’une des rares fourmis capables de prospérer à l’ombre en pleine forêt dans le Nord de la France, où elle partage souvent son biotope avec Myrmica ruginodis et Stenamma debile.

Nidification : Les nids sont susceptibles de se trouver dans les branches creuses ou les souches, dans les noix, glands, noisettes ou châtaignes vides, dans les anciennes galles de chêne ligneuses, dans les fentes de pierres, ou dans toute autre anfractuosité pouvant les loger. Les colonies sont le plus souvent monodomes, mais sont susceptibles d’être légèrement polydomes, surtout au printemps où la disponibilité des sites de nidification est maximale.

Démographie : Les colonies matures sont peu peuplées, et n’excèdent que rarement 200 ouvrières.
Particularités comportementales : Cette espèce fourrage dans la litière et la végétation basse, essentiellement en solitaire bien que de petits recrutements puissent être mobilisés sur les sources de nourriture abondantes. Elle pratique le tandem running et le portage social. Au cours de l’été, notamment si les sites de nidification sont trop peu nombreux, il peut arriver que deux colonies fusionnent. La longévité des ouvrières est d’environ 3 ans, mais peut parfois dépasser les 5 ans ; les reines peuvent quant à elles vivre jusqu’à 19 ans. On observe parfois dans les colonies des ouvrières intégralement jaunes et dont le comportement est modifié : elles sont infectées par le cestode Anomotaenia brevis, un parasite d’oiseau dont T. nylanderi est l’hôte intermédiaire.
Alimentation : Temnothorax nylanderi se nourrit avant tout de petits arthropodes et de liquides sucrés d’origine végétale.
Essaimage : Les essaimages ont principalement lieu en août et en septembre, surtout en fin d’après-midi, et sont discrets. La fécondation est monandre : bien que plusieurs mâles puissent parfois tenter de s’accoupler avec une même gyne, un seul parvient à ses fins. De nombreuses reines désailées peuvent cependant être observées dès le début du printemps ; il s’agit peut-être de gynes dérangées au cours de leur fondation ou expulsées des colonies comportant plusieurs reines après une fusion l’été précédent.
Gynie : Monogyne ; une seule reine fécondée assure habituellement la reproduction dans chaque colonie. Cependant, lorsqu’une gyne venant d’essaimer cherche à se faire adopter dans une colonie établie, ou bien après une pléométrose, les colonies peuvent temporairement comporter plusieurs reines. Cette situation n’est pas stable, et les gynes surnuméraires finissent par être tuées ou expulsées.
Fondation : Indépendante et claustrale ; après l’essaimage, la reine cherche une infractuosité pouvant faire office de loge de fondation et y élève une première génération d’ouvrières sur ses réserves, sans se nourrir durant cette période. La ponte n’a souvent lieu qu’après une première diapause. La fondation peut aussi bien avoir lieu en haplométrose qu’en pléométrose, bien que ce deuxième cas soit moins courant et n’augmente pas l’efficacité de la fondation. Plus occasionnellement, les jeunes reines peuvent également chercher à être adoptées par des colonies de la même espèce, qu’elles soient orphelines ou non ; dans le deuxième cas, l’ancienne reine est éliminée par la suite.
Cycle de développement : Endogène-hétérodynamique ; l’entrée en diapause est induite par l’horloge interne de la colonie, les conditions extérieures n’ayant qu’une influence secondaire sur ce processus.

4) RÉPARTITION :
Temnothorax nylanderi est largement répartie en Europe de l’Ouest, et peut être retrouvée de la Scandinavie à la péninsule Ibérique en passant par les Balkans.
En France métropolitaine, elle est présente partout, bien qu’elle ne se retrouve guère en montagne au-delà de 1 200 mètres d’altitude et sur le pourtour méditerranéen.
5) ÉLEVAGE :
Température de maintien : 19 à 27 °C.
Hygrométrie : Entre 0 % et 40 % de la surface du nid pourra être humidifiée. Si vous optez pour un nid totalement sec, alors la présence permanente d’un abreuvoir dans l’aire de chasse sera obligatoire.
Installation : Un simple tube à essai, qui pourra être tapissé d’un morceau de bois, suffit à loger une colonie de Temnothorax nylanderi jusqu’à sa maturité. Très opportunistes, elles peuvent également se contenter de n’importe quel autre nid classique tant qu’il est suffisamment étroit, même si les très petits nids en bois et les nids construits dans des moitiés de coquilles de noix permettent de s’approcher au maximum de leurs sites de nidification privilégiés in natura.
Ces petites fourmis agiles s’évadent facilement, c’est pourquoi la barrière anti-évasion devra être particulièrement efficace.

Flo Ant 3D
Foreuse ? : Non.
Diapause : Comme pour la quasi-totalité des espèces originaires de régions tempérées, la diapause est indispensable au bon développement de la colonie. Elle devra être effectuée durant environ trois mois et demi à quatre mois (généralement de novembre à mars) à des températures d’environ 1 à 8 °C.
Fondation : Indépendante et claustrale ; la reine pourra être placée en tube à essai, puis il suffira de la laisser au calme sans la nourrir jusqu’à l’émergence des premières ouvrières. La ponte peut n’avoir lieu qu’après une première diapause.
Il sera préférable de réduire au maximum l’espace disponible et de permettre à la reine d’être en contact avec un morceau de bois (sans que celui-ci ne soit en contact avec le coton humide afin d’éviter les moisissures).

Alavir
Alimentation en élevage : Leur régime devra être composé de liquides sucrés (divers pseudo-miellats, fruits, Beetle jelly, Bhatkar…) et d’insectes fraîchement tués.
Reproduction en captivité : Des accouplements au sol sont susceptibles d’avoir lieu en captivité chez les Temnothorax en laissant des sexués de différentes colonies sortir dans une grande cuve. Chez T. nylanderi, la sortie des sexués aurait lieu en fin d’après-midi, lorsque la luminosité commence à baisser après un pic au-dessus de 200 lux, et la lumière du soleil doit donc suffisamment illuminer la pièce d’élevage durant la journée.
Il faut noter qu’il est courant que les colonies de Temnothorax nylanderi ne produisent qu’un seul sexe de sexués sur une année donnée ; dans ces cas, les plus petites colonies tendent souvent à surtout produire des mâles, et les plus grandes surtout des gynes.
Comme la majorité des fourmis, cette espèce n’est pas immunisée à la production de mâles diploïdes, c’est pourquoi la consanguinité devra être évitée autant que possible.
Détails à ajouter : Grâce à la très faible démographie des colonies et à la petite taille des ouvrières, même les colonies matures de Temnothorax nylanderi n’occuperont que très peu d’espace. Elles ont tendance à éviter les ouvrières des espèces plus grandes, c’est pourquoi il sera possible de les faire cohabiter dans une même aire de chasse avec d’autres fourmis telles que des Camponotus ou des Formica. Toute cohabitation devra cependant être accompagnée de la plus grande prudence et d’une attention permanente afin de pouvoir réagir rapidement au moindre problème.
Difficulté d’élevage : Très facile. Opportuniste sur les conditions de maintien, tolérant beaucoup d’erreurs du néophyte et ne demandant que très peu de ressources même sur le long terme, cette espèce sera un choix tout à fait adapté pour débuter dans l’élevage de fourmis tant que vous veillez à éviter les évasions.

Sources et Crédits :
Publications myrmécologiques :
- Basari, N.; Laird-Hopkins, B.; Sendova-Franks, A.; Franks, N. 2014. Trail laying
during tandem-running recruitment in the ant Temnothorax albipennis. Die
Naturwissenschaften. https://www.researchgate.net/publication/262932393_Trail_laying_during_tandem-running_recruitment_in_the_ant_Temnothorax_albipennis - Bernard, F. 1967a. Faune de l’Europe et du Bassin Méditerranéen. 3. Les fourmis
(Hymenoptera Formicidae) d’Europe occidentale et septentrionale. Paris: Masson,
411 pp. https://www.antcat.org/references/122660 - Csősz, S.; Heinze, J.; Mikó, I. 2015. Taxonomic synopsis of the Ponto-Mediterranean
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- Foitzik, S.; Haberl, M.; Gadau, J.; Heinze, J. 1997. Mating frequency of Leptothorax
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227. https://link.springer.com/article/10.1007/s000400050043 - Foitzik, S.; Heinze, J. 1998. Nest site limitation and colony takeover in the ant
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Sites Internet :
- Antcat.org
- Antwiki.org
- Antmaps.org
- Antweb.org
- AntArea.fr
- Inaturalist.org
Nos éleveurs : Alavir, Claviger, Flo Ant 3D…